Vu du Québec par Info-culture.biz : Inverses et ErosOnyx Editions

Inverses

Le huitième numéro annuel de la revue Inverses, nous fait découvrir une auteure saphique importante du début du XXième siècle, Lucie Delarue-Mardrus et nous invite à réfléchir sur l’homosexualité en milieu rural à partir de certains écrits comme la fameuse nouvelle de Brokeback Mountain et sur la pédérastie par le biais d’un journal de bord tenu par Jehan Rictus édité en 1906. Une entrevue avec un illustrateur de l’homosexualité, Xavier Gicquel, vient parachever ce dernier numéro.
Ces merveilleuses découvertes nous ouvrent l’esprit sur l’histoire des homosexualités et nous font découvrir et connaître des personnes qui ont courageusement choisi de s’affirmer comme homosexuelles à une époque de plus grande discrimination que nous connaissons de nos jours. Lucie Delarue-Mardrus en fait la preuve alors que Jehan Rictus nous en présente l’antithèse.
Un pays ou une communauté qui ne plonge pas ses racines dans une histoire connue et assimilée a de la difficulté à se définir et assoie les fondations de sa  » fierté  » sur de la terre glaise. Dans Inverses nous retrouvons des gestes d’appropriation de l’identité homosexuelle par des littéraires homosexuelles qui se présentent aux autres sous leur vrai jour. De ça ils et elles peuvent être fiers tout comme nous devons être reconnaissants pour ceux et celles qui nous apportent ces connaissances.
Des analyses fines nous montrent les difficultés d’afficher son homosexualité dans un environnement social encore influencé par le cléricalisme à outrance et la phallocratie hétérosexiste omniprésente. Mais certains osent et l’illustrateur Gicquel en est un exemple éloquent.
Inverses, Magazine, 249p. 13 €

Fleur de chair

Yvan Quintin nous transporte dans six univers différents par son recueil de nouvelles Fleur de chair. La sensualité homosexuelle y est toujours présente et à fleur d’épiderme. Il nous montre les affres de l’homosexualité non avouée entre deux adolescents; la jalousie d’une jeune fille amoureuse d’une autre qui s’est entichée d’un garçon; la tendresse de la rencontre d’un matelot et d’un jeune fugueur qui ne peut dévoiler son orientation sexuelle, outrancière à ses parents; l’ironie dans l’arrestation de  » pédés  » qui trouvent leur jouissance dans la cellule devant servir à punir leurs actes défendus; l’aspect historique dans la mythologie avec un clin d’œil au fameux bataillon de Thèbes formé de 300 guerriers homosexuels et enfin les peurs, les désirs et les plaisirs de la découverte lors des premières rencontres. Un recueil qui mérite d’être lu et relu.
Fleur de chair, 109p. 13 €

Études et préludes, Cendres et poussières, Sapho

Erosonyx nous propose une courte biographie jointe à des vers de Sapho elle-même que  » l’authoresse  » Renée Vivien a traduits elle-même du grec. Dans l’ensemble la vie littéraire de cette auteure saphique est composée  » … d’une vingtaine d’ouvrages, recueils de vers, poèmes en prose, romans, nouvelles, aphorismes, traductions, adaptations et même une biographie « . Pas si mal pour une femme qui est morte en 1909 à l’âge de trente-deux ans seulement. Dans ce volume Études et Préludes, Cendres et Poussières et Sapho nous pouvons prendre la mesure de Renée Vivien qui s’est très tôt affirmée comme auteure lesbienne à contenu saphique.
Les Odes de Sapho qu’elle a traduites et dont on retrouve nombre de fragments dans ce livre montre carrément l’amour de Sapho pour les jeunes filles de Lesbos. Sapho mérite bien sa légende d’amante de la beauté féminine et de celles qui la portent. Renée Vivien, elle, mérite le titre incontestable de fille de Sappho à part entière
Études et préludes, Cendres et poussières, Sapho, 141p. 19 €

Bleus

Le premier roman de Pierre Lacroix, Bleus, invite le lecteur à une grande aventure au pays de la sensualité. On a l’impression que l’auteur, explose, comme un autoclave trop longtemps tenu sous pression. Bleu, c’est la couleur du ciel, de l’eau et de l’air. Ces éléments qui enveloppent l’humain. D’entrée de jeu Lacroix nous dit que c’est comme ça, qu’il aime les corps velus, qu’il aime les hommes. À partir de ce moment il nous entraîne dans un tourbillon de volupté sensuelle et sexuelle enveloppée dans une prose poétique. Malheureusement pour lui les bleus se transforment en  » blues  » lorsque l’amour tant désiré n’est pas au rendez-vous. Cet appel à l’acceptation pleine et entière de la jouissance physiologique, à la beauté du corps et à l’amour se reçoit comme une bouffée d’air frais en contradiction d’avec l’idéologie judéo-chrétienne sur la sexualité et surtout sur l’homosexualité. Bleus est un hymne à la vie quelle que soit la forme qu’elle peut prendre.
Bleus, 94p. 15 €

Homo Pierrot tome I

Le deuxième roman de Pierre Lacroix et qui est le point de départ d’une série de tomes à venir, retrace la vie de Pierre d’où le titre Homo Pierrot. Un roman à base autobiographique!?! Le bleu prend subtilement sa place ici tout comme le violet était présent chez Renée Vivien et Sappho. L’écriture de ce deuxième ouvrage est beaucoup moins exaltée que dans Bleus. De lecture plus facilement abordable.
Lacroix nous raconte l’histoire d’un garçon de sa naissance dans une famille campagnarde jusqu’à son départ pour Paris avec son amant à l’âge de 17 ans. C’est avec l’accord de sa famille que Pierre alias Pierrounel et Pierrot (dépendamment des moments de sa jeune existence) peut laisser libre cours à son goût à la lecture. C’est surtout grâce à sa mère qui sur son lit de mort lui a dit  » vis comme tu es né, vis comme tu es « , (ça rejoint le  » deviens ce que tu es  » de Carl Jung) que Pierrot accepte son identité sexuelle qui le mènera dans les bras de son professeur de lettres deux fois plus âgé que lui. C’est aussi dans ces bras qu’il découvrira l’amour pour la première fois. L’amour défini par son amant comme étant  » … ce retour à la bête primitive et douce, quand nul danger ne menaçait et qu’on pouvait tout entier s’abandonner et savourer « . C’est sans tabou aucun que Lacroix nous livre le vécue de ce jeune homme qui découvre la vie, le sexe et l’amour. Nous attendons avec impatience la suite de l’aventure.
Homo Pierrot, 142p. 17 €
Éditions EROSONYX
www.erosonyx.com

Annie ROLLAND, Qui a peur de la littérature ado ?

Et si la littérature était ce que l’on fait de mieux pour aider les adolescents à grandir avec leurs rêves et affronter leurs démons ?

Le livre d’Annie Rolland est un bel essai, publié aux Editions Thierry Magnier, une étude fine et généreuse, personnelle aussi, nourrie d’exemples connus et inconnus qui donnent envie de les lire ou de les relire, et qui fait la nique aux grands méchants loups de la censure jamais lasse.

BLEUS, par Handigay

Culture : Bleus de Pierre Lacroix
BLEUS de Pierre Lacroix
Azurs, horizons, hématomes, infinis humains, célestes et marins

Avoir ce livre près de soi est une sensation proche de celle que l’on doit ressentir à la découverte d’une pépite d’or, d’un talisman, d’une lanterne magique.

Son génie s’est appelé dans une édition précédente (chez Geneviève Pastre en 1996) François Nozières. Il est aujourd’hui Pierre Lacroix et son éditeur, Nix & Nox, est devenu Erosonyx sis dans le Cantal : autant dire que ce livre, pourtant disponible sur les sites des libraires en ligne les plus courants, ne vous tombe pas dessus par hasard.

Eblouissant récit d’amours entre garçons sur une île grecque, oscillant entre poème en prose et roman poétique, son écriture singulière va vous obliger à savourer chaque phrase. La lecture silencieuse, rapide et habituelle à tout lecteur confirmé, prouve ici sa faiblesse sur la mise en bouche d’un texte peaufiné à la syllabe près, à l’allitération savoureuse, au choc phonétique des dentales, au velours de voyelles orchestrant les joies et les espoirs.

Le ciel est bleu, la mer (Egée ?) est limpide mais le narrateur sait qu’il y a dans son histoire, dans notre histoire, du bleu nuit et des outremers mystérieux, inquiétants, sauvages.

Ce livre n’est pas destiné à un public d’esthètes. Sa force est d’être accessible à chacun d’entre nous et il aura un écho encore plus fort chez ceux pour qui le bleu est aussi celui de l’hématome, de la cicatrice, du choc de l’accident ou de la différence physique. Il est aussi l’azur sans frontières dans lequel notre esprit et notre force vitale peuvent, quelles que soient nos limites matérielles, se mouvoir et voler avec l’âme-frère ou à sa recherche.

Pierre LACROIX, Bleus, ErosOnyx, 2007, 94 p. 14,5 x 19 cm – 15€

LIENS DOCUMENTAIRES

Le site de l’éditeur, avec une vraie fonction d’agrandissement des caractères qui va jusqu’à un centimètre de hauteur pour les minuscules : bravo et merci … https://www.erosonyx.com/

Une critique du livre dans la revue INVERSES

Nos secrètes amours : Ode à la vulve- Têtu septembre 2008

Le Paris lesbien des années 1920 n’en finit pas d’exhumer ses trésors littéraires. Après Djuna Barnes dont Ypsilon vient d’éditer les premiers poèmes, c’est au tour des Editions ErosOnyx de publier pour la première fois les poèmes érotiques de Lucie Delarue-Mardrus. Dédiés à Natalie Barney, en souvenir de leur brève passion amoureuse, ces poèmes vieillots ont le charme de leur « fougue lyrique et de leur vérité directe », comme l’a écrit Marguerite Yourcenar. Indépendante et affamée de désir, Lucie a brûlé pour tout, en étant tour à tour journaliste, romancière, poétesse, sculptrice, et comédienne. On se délecte des mots crus des nuits.
Ursula Del Aguila

Nos Brèves amours, ErosOnyx Editions, 14 €

Dossier sur Lucie Delarue-Mardrus dans INVERSES 2008

La revue Inverses qui a collaboré à la publication de Nos secrètes amours, consacre son numéro de l’année 2008 à Lucie Delarue-Mardrus. Huit articles, tous substantiels, éclairent le lecteur sur la personnalité et l’oeuvre de cette poétesse, musicienne, sculptrice, chroniqueuse, romancière si connue et reconnue en son temps.

Rencontre autour de NOS SECRETES AMOURS

A la librairie Violette & Co, le 26 septembre dernier, a eu lieu une rencontre autour de Nos secrètes amours de Lucie Delarue-Mardrus, à l’occasion de la sortie de ce recueil chez ErosOnyx Éditions. Y étaient présents Patrick Dubuis, de la revue Inverses, et Mirande Lucien, auteure de la présentation de l’ouvrage. La comédienne Sophie Demmler (voir photo), en fin de soirée, a lu quelques poèmes du recueil pour la plus grande satisfaction d’un public nombreux et intéressé. ErosOnyx Éditions remercie la librairie Violette & Co pour son accueil et rappelle aux visiteurs de notre site que cette librairie détient, pour la vente, quelques exemplaires numérotés du recueil.

Achille ESSEBAC, romancier du Désir , Quintefeuilles, Paris, 2007

Qui connaît encore Achille Essebac aujourd’hui ? Très peu de monde. Il est rapidement signalé sur un site en ligne pour l’un de ses romans, à propos des Amitiés particulières de Roger Peyrefitte. Monique Nemer le mentionne aussi en passant, parmi bien d’autres écrivains, sans s’attarder sur son œuvre, dans Corydon citoyen (voir l’annuaire 2006 d’Inverses 2007). Le livre Achille Essebac, romancier du Désir de Jean-Claude Féray vient enfin combler une lacune et réparer une injustice, car Achille Essebac est un véritable écrivain et, qui plus est, un écrivain homosexuel amoureux de la Beauté, c’est-à-dire des beaux adolescents et des éphèbes, auxquels son œuvre rend un hommage appuyé et lyrique.

Hommage à Guy GILLES

GUY GILLES

Un premier DVD d’un cinéaste injustement méconnu et trop tôt disparu
Trois films sont disponibles sur ce DVD :
L’amour à la mer (1963), prix de la critique au Festival de Locarno (1964), soleil d’août quand l’automne est déjà là,
Au pan coupé (1968), des cœurs au pan coupé qui ne s’aiment pas assez pour vivre, même quand on les aime,
Le clair de terre (1970), sensibilité, beauté, souvenirs qui s’appellent les uns les autres, poème au « clair de terre » de l’enfance.

Trois films accompagnés d’un émouvant film-hommage de Luc Bernard à son frère Guy Gilles (1999), avec la participation et le témoignage d’acteurs qui l’ont connu.

Un cinéaste écorché, hanté par les « absences répétées » de l’amour, obsédé par l’omnipotence assassine du temps.

Amoureux des actrices dont l’élégance, la voix, mais aussi le jardin intérieur font rêver, tantôt maternelles, tantôt sylphides, amoureux aussi d’un acteur, Patrick Jouanné, qu’on retrouve de film en film, sauvagement beau comme le Dallessandro de Morrissey et le Bobby Kendall de James Bidgood.

Contemporain de Godard et de Truffaut, proche de Jeanne Moreau et de Delphine Seyrig, Guy Gilles a été reconnu et soutenu par un cercle de comédiens remarquables, de Gréco à Delon ,de Brialy à Bedos, sans oublier Danièle Delorme et Edwige Feuillère… tous marqués par l’ardeur de Guy Gilles à les convaincre d’entrer dans son univers.

Merci à Macha Méril (interprète de Au pan coupé) d’avoir permis cette édition.

Lesbia Magazine, septembre 2008 : Lucie Delarue-Mardrus, Nos secrètes amours

Lucie Delarue-Mardrus, Nos secrètes amours

85 pages, 14 euors, Éditions ErosOnyx – ISBN : 978-2-95294999-4-1

Lucie Delarue-Mardrus a été (et peut-être encore le cas, on l’espère) un poète de « morceaux choisis » à l’école primaire. C’est pourquoi j’ai éprouvé un grand plaisir à aprendre, vers l’âge de quinze ans, que cette bonne Lucie avait été la maîtresse de Natalie Barney et de bien d’autres.

Nos secrètes amours, qui sont celles avec Barney, circulaient sous le manteau depuis longtemps et l’on est enchanté qu’elles aient été rééditées, même si d’un strict point de vue formel ce n’est pas le meilleur de LSM.

Les éditions ErosOnyx ont déjà réédité des recueils de Renée Vivien, ce qui ne m’a pas intéressée parce que je possède déjà l’édition Lemerre et l’édition Deforges, mais il fallait quand même le faire et je le signale ici aux amatrices. Maintenant j’aimerais lire une réédition des poèmes de Barney elle-même qui sont remarquables. C’est pour quand ?

HM

Une galerie à connaître , une exposition à voir

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La Galerie Au bonheur du jour 11, rue Chabanais 75002 Paris présente du 17 septembre au 31 octobre 2008

Dessins, peintures, photographies et objets de curiosité dans l’exposition Marins, Légionnaires, Ouvriers

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Vernissage le mardi 16 septembre de 17 heures à 22 heures.

Unique en France, et peut-être même en Europe, la Galerie Au Bonheur du Jour, ouverte du mardi au samedi de 14 h 30 à 19 h 30, offre les plus belles et les plus rares pièces de l’art inspiré par l’homoérotisme (dessins, gravures, peintures, photographies).