Dans Les Lettres françaises du 13 novembre 2014, à propos de L’Être double

… « L’exaltation constante de ce roman enflammé le fait assurément dater, mais ne doit pas occulter le véritable trésor poétique qu’il contient et apporte un élément jusqu’ici ignoré de l’histoire du japonisme…  »
« Il révèle aussi que toute une classe intellectuelle réfléchissait, au début du XXème siècle, aux rôles masculin et féminin, au moment même où Wilde devait le payer si cher, où Gide écrivait son Corydon et où Proust concevait un des tableaux les plus puissants de la diversité des sexualités et des passions, poursuivant l’ouvre pionnière de Balzac. « 

Eric Garnier dans Yagg parle de Vie, Errances et Vaillances d’un Gaillard Libertin

Vie, errances et vaillances d’un gaillard libertin, Claude Puzin, éditions ErosOnyx, 276 p., 35€.

Tout est vrai ou vraisemblable dans ce roman historique qui rendrait fous les drogués des «manifs pour tous». Le chef d’œuvre de Claude Puzin – spécialiste du XVIIe siècle- fait du poète burlesque Charles d’Assoucy , homosexuel («bougre») notoire, notre chouchou, notre figure de proue… Imaginons que la France d’aujourd’hui soit encore –comme à son époque- sous la coupe de nos cathos excités (et parfois royalistes nostalgiques), versaillais barjots et frigides subis ces six derniers mois!

D’Assoucy, toujours sur le fil d’une fuite, d’une condamnation, de prison ou de bûcher, a crânement vécu son amour des hommes. Il a joui de chaque parcelle de liberté possible dans un siècle où le pire voisinait encore avec le possible… Charles d’Assoucy sera au cœur de deux triangles amoureux successifs que le lecteur, émerveillé et intellectuellement sollicité (ça vole souvent haut mais sans aucun pédantisme et dans une bonne humeur érotique jamais déçue) suivra en France puis en Italie. Le premier trio libertin le voit en cheville (et plus !) avec Cyrano de Bergerac (le vrai) et Villette (un beau et fin lettré), la seconde triade unira le poète et deux jeunes musiciens… C’est vivant, savoureux, exigeant. Portrait d’une lointaine France qui nous parle encore et fascine. Langue qui fleure bon le dix-septième, achevant de nous transporter, dans tous les sens du terme. Si vous ne vous «faites pas de cadeaux», voilà l’exception.
Eric Garnier

(Éric Garnier tient une chronique livres dans l’émission Homomicro).

http://yagg.com/2013/07/11/a-lire-sur-la-plage/

Dans Berlin-poche…

On trouve à Berlin une librairie française, Zadig, où est en vente Une semaine, sept vies de Mario Wirz. On pourra lire ci-dessous la recension élogieuse qui est est faite de ce recueil.

Avatar poétique

Mario Wirz est mort en mai dernier. Séropositif depuis 1985, le poète engagé, Berlinois de cœur, a écrit de nombreux poèmes entre 1981 et 2002, réunis dans une anthologie publiée en 2003. Ce recueil a été traduit dans son intégralité en français par Kai Stefan Fritsch et Bernard Banoun, et le lecteur fancophone ne perd rien à cette lecture bilingue tant l’émotion s’évapore déjà des textes originaux en allemand. La conscience du temps qui passe, qui nous rattrape, l’habitude qui nous dévore chaque jour un peu plus… Wirz expose sa vision animiste du monde, face aux objets qui le touchent, face à la nature qui l’entoure. On en oublierait même l’insignifiance de simples faits quotidiens. Les écrits sont entrecoupés d’illustrations d’Hannes Steinert, artiste connu par son engagement envers le mouvement d’émancipation homosexuelle. Ses œuvres d’hommes nus, s’amusant entre eux, apportent une touche coquine et sensuelle au lyrisme mélancolique de Wirz. Notez le chavirant poème Sommeil rappelant Le Dormeur du val de Rimbaud… Entre parenthèses, dans le titre de l’ouvrage, se lit « Métamorphoses », comme si l’on se métamorphosait à la lecture de ces courts poèmes. On se prend pour le chien du voisin ou pour la corneille qui passe, on entre dans la peau d’un inconnu, dans le métro parisien ou berlinois. Lire Wirz c’est comme se retrouver face à soi-même pour se scruter de l’interieur.

Gaël Boudjema, Berlin-poche Mai 2013

Dans la presse allemande, H COMME…

Hannes Steinert H COMME…

Im kleinen französischen Verlag ErosOnyx Éditions ist soeben ein Bildband erschienen, de klassische Gedichte zum Thema schwule Liebe mit vor Erotik knisternden Zeichnungen des Stuttgarter Künstlers Hannes Steinert vereint.
Der Titel (deutsch „Gedichte von gestern – Bilder von heute“) betont die Zeitlosigkeit der erotischen Anziehungskraft (junger) Männer, die in allen Kulturen und zu allen Zeiten poetischen und künstlerischen Ausdruck gefunden haben.

Die Gedichte von so unterschiedlichen Autoren wie Michelangelo, Garcia Lorca, Pasolini, Shakespeare und anderen sin in den Original sprachenabgedruckt.

Jean Chalon : quelques mots à Chelsea Ray

Chère Chelsea,

Votre Amants féminins m’a fait découvrir une Natalie que je ne connaissais pas,une Natalie fragile alors que je n’ai connu qu’une Natalie forte.Je comprends enfin pourquoi elle me répétait: »Jean,je n’ai pas toujours été avec les autres comme je suis avec vous maintenant ».

Tous mes vœux de succès pour ce magnifique texte.

vôtre

Jean

Dans la revue TRAVERSEES

Natalie Clifford Barney, Amants féminins ou la troisième, Collection Eros, Onyx (174 pages, 22,50€)

Chelsea Ray, « barneyphile », après des années passées à écumer des archives a exhumé ce titre inédit de « la volage Natalie Barney », dite l’Amazone datant de 1926.

À travers ce texte, établi conjointement avec Yvan Quintin, Chelsea Ray cherche à réhabiliter celle qui fut trop longtemps étiquetée Don Juan féminin. Qui était donc cette femme de lettres dont les références littéraires témoignent de son érudition ? Mélanie Hawthorne dans la préface en brosse le portrait. Elle souligne sa loyauté en amitié, sa sollicitude, son rôle de « consolatrice »

Jean Chalon apporta aussi son éclairage, confirmant l’influence de Baudelaire sur N., dans la biographie qu’il consacra à sa « Chère Natalie Barney ».

Dans son roman « moderniste », selon son propre terme, Natalie Barney décrypte le trio amoureux formé par M., N. et L. qui ne sont autres que Liane de Pougy et Mimi Franchetti, ses rivales. On croise aussi Romaine Brooks et la « Nouvelle Malheureuse », comme l’appelle Natalie Barney.

En explorant l’amour lesbien, l’auteur faisait figure de pionnière, brisant les tabous. Une succession d’échanges épistolaires, de télégrammes, de pneumatiques met en lumière la complexité de leurs relations tumultueuses, faites d’éloignement, de retrouvailles, de pacte, de bouderies, de rivalité, de jalousie. On y découvre leur langage amoureux, très suggestif, enflammé, jouissif, les prénoms qu’elles s’inventent.

La condition de « troisième » incarné par N. est analysée avec pertinence et ironie quelquefois.

Confrontée à une « épidémie de lâchages », N., pétrie d’orgueil, joue la carte de la résilience, décidée à ne plus souffrir. Avec lucidité, elle en conclut qu’il « est peut-être plus noble de vivre seul » et confie ses regrets et sa douleur à la page blanche.

Sa sensibilité à la poésie transparaît dans les poèmes traduits. De remarquables passages sont à souligner, comme son hymne à l’eau « le fluide amant ».

Dans l’épilogue, Natalie Barney livre sa vision assez pessimiste des relations humaines, constatant dans son entourage trahisons et infidélités dont elle-même fut aussi victime. Comment cette femme de lettres, tenant salon, considérée « un des honneurs » de l’époque, « unique », a-t-elle pu finir aussi seule ?

Roman irrévérencieux de Natalie Barney prônant la liberté d’aimer, avec une audace superbe pour l’époque encore engoncée dans les préjugés, Amants féminins ou la troisième fait écho au film La vie d’Adèle qui s’est vu décerner la Palme d’or du Festival de Cannes 2013. L’amitié « l’amour sans plaisir » et la passion avec un crescendo émotionnel y sont intimement liés.

©Nadine Doyen
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http://traversees.wordpress.com/author/lievenn

À Corps… À Coeur

Un lecteur enthousiaste d’HOMO PIERROT – « Sous les toits de Paris » (tome II)

Archives de Tag: Homo Pierrot
3 décembre 2012
De la communion des cœurs
Fidélité
Loquito Art, Culture, Fidélité, Homo Pierrot, Littérature, Pierre Lacroix

«Il savait qu’on ne met pas l’amour en cage, qu’aimer c’est danser sur un fil entre les étoiles, qu’aimer c’est risquer à chaque seconde, et plus encore dans le fourmillement des Babylone où la liberté des comportements et le raffinement des apparences rendent si nombreuses et faciles les sollicitations.

Il faut l’expérience pour faire triompher l’amour sur les tentations. Peut-être une béatitude originelle aussi, un paradis qui fait après trouver de la tristesse à tous les éphémères paradis. Pour avoir été amoureux et si souvent titillé par ailleurs d’appels testiculaires vers d’autres galants de passage qu’il n’avait pas voulu consommer, Erwan savait qu’en amour on vit avec son amant tous les titillements accumulés en soi et que c’est dans le vertige d’une attirance inépuisable qu’on engloutit tous les vertiges d’excitations du changement à l’infini, si phantasmatiques et si vides au fond. Bien sûr, les yeux de votre amant ne vous mithridatisent pas contre le poison de tant d’autres magnifiques iris qui se posent sur les vôtres. Bien sûr, une avalanche florentine de boucles sur les épaules, entre saule pleureur et lévrier afghan, ne rend pas insensible à la ligne d’un crâne rasé pure comme celle d’un marbre ou au hérisson dru d’un beau voyou aux cheveux courts. Bien sûr l’échancrure des chemises, les peaux velues ou glabres, les pommes d’Adam, la pointe des seins sous les chemises, les gonflements sous les braguettes et les maillots de bain, vous déboussolent de l’infini de directions à prendre dans la géographie jouissive des reliefs, des couleurs, des végétations, des grains et des odeurs… Chaque nouveau garçon a son climat, son invitation au voyage, quand on a du désir à se faire tous les garçons de la rue !

Mais alors, l’amour au-delà de ce brasier de titillements, c’était quoi ? La fidélité dans ces conditions, c’était quoi ? Pas une prison, Pas un interdit religieux, pas un contrat de bonne tenue bourgeoise Pour Erwan. Non, une manière de mieux être soi, une volupté conquise, un suave renoncement où la plénitude finissait par l’emporter sur le sacrifice, comme une grâce finalement quand la vie vous les rendait possibles, une grâce qui faisait qu’à un moment, les aiguillons de tous les désirs bifurquaient vers un seul corps, un seul corps devenu vaste incommensurablement, comme si, autour de ce corps et dans ce corps, aimable de ses charmes et jusqu’à ses trivialités, flottait un appel qui embrassait tous les appels. Un jour, des yeux venaient, qui ne vous empêchaient pas d’être sensibles à d’autres yeux, mais en qui tous les yeux venaient se fondre. Et que parfois le désir d’un autre corps vînt à se révéler trop fort, et qu’on passât à l’acte, c’était d’un pied boiteux avant, et avec, après, une impression de salissure, de tristesse et de vide, le besoin d’en parler à l’autre, de se laver à la cascade vive de son pardon et de son amour peut-être encore là quand-même.

Dans la fidélité, pour Erwan, il y avait aussi sans doute l’amour de quelque chose qu’on cherchait sans être capable de le voir ou le nommer en l’autre, un mystère à quoi, par delà toute frustration, tout dépit, toute colère, toute volonté violente de fuir, on était malgré soi ramené. Il en était arrivé avec Pierrot à un attrait irrationnel et incurable, cette douce violence qu’on appelle l’amour fou. Il était jaloux de Pierrot, mais pas de ses désirs si les désirs passagers de Pierrot le ramenaient toujours à leur amour. D’avoir aimé et bourlingué, Erwan avait en lui du Tristan bien caché sous du panache de Don Juan. Comme le poète-phare de ses cours, il cherchait la vérité dans une âme et dans un corps. Il sentait que l’amour est à la fois sortilège et pari, qu’il faut aller le plus loin possible dans le miracle de poésie à deux pour plier tous ses désirs au désir du corps et de l’âme de l’autre, que parfois c’est une exquise et simple harmonie de respirations, et que parfois c’est un calvaire.»

Pierre Lacroix in Homo Pierrot, Tome II «Sous les toits de Paris», Editions ErosOnyx, 2009, ISBN : 9782952949972, pp. 28 à 30

Michel Serceau a lu Vie, Errances et Vaillances d’un Gaillard Libertin

Auteur d’ouvrages et d’études critiques consacrés aux écrivains de l’âge classique, notamment d’une Histoire de la littérature française du XVIIème siècle , Claude Puzin avait déjà en 2007 exercé sa plume à l’écriture d’un roman historique . Vie, Errances et Vaillances d’un Gaillard Libertin est donc la seconde de ses productions littéraires. Ce sera malheureusement la dernière. J’apprends en effet, à l’heure où je m’apprête à rédiger cette recension de son livre, sa mort le 1er janvier, à l’âge de 68 ans.

Nous perdons avec lui un spécialiste confirmé du XVIIème siècle. Nous le regretterons d’autant plus qu’il aura été un véritable écrivain. Ce n’est pas par rhétorique que je parle à propos de Louis de Bourbon, ou le soleil maudit et de Vie, Errances et Vaillances d’un Gaillard Libertin, de productions littéraires. Il y a dans ces livres, et surtout dans le second, un réel bonheur d’écriture. La richesse de la langue, la vivacité et la pugnacité du style supportent la comparaison avec celles de plusieurs de nos grands auteurs.

Roman historique, et non « (auto)-biographie fictive ou fiction (auto)-biographique », Claude Puzin y insiste dans sa postface : Vie, Errances et Vaillances d’un Gaillard Libertin ne narre rien qui ne soit attesté. L’auteur donne in fine, outre ses sources dans les œuvres de ses personnages principaux… et de quelques autres, la liste des ouvrages qu’il a consultés : une véritable anthologie, l’ouvrage le plus ancien sur le libertinage érudit est de 1943, le plus récent, Les libertins baroques, de 2008.

Le roman dirige l’attention du lecteur vers trois écrivains du XVIIème siècle, dont un seul, Savinien Cyrano de Bergerac (1619-1655), est encore aujourd’hui connu. Charles d’Assoucy (1605-1677), que Claude Puzin a choisi comme personnage principal, narrateur de surcroît, et Claude-Emmanuel Chapelle (1626-1686) ne sont connus, eux, que des spécialistes. Claude Puzin, qui précise sans ambages que la lecture des œuvres de Claude d’Assoucy (possible seulement en bibliothèque : nulle édition moderne !), « déçoit jusqu’à l’ennui », n’a pas voulu réhabiliter ces écrivains, mais faire revivre un moment de l’Histoire et, au-delà de la reconstitution, donner un éclairage sur ce qu’il est convenu d’appeler le « libertinage ».

Les histoires et manuels de littérature le prennent en compte. Mais, alors que le contexte social et moral de la Courtoisie, de la Préciosité, par exemple, sont soigneusement décrits, le contexte du libertinage demeure occulté. C’est peu de dire que, vu l’homosexualité avérée de nombre des libertins, dont les trois personnages principaux de Vie, Errances et Vaillances d’un Gaillard Libertin, qui en sont des emblèmes, l’Université a été ici frileuse. Mais, comme le note Claude Puzin, les choses changent : « la critique universitaire actuelle, moins pudibonde – certains diraient « homophobe » – que naguère, n’hésite plus à parler, à leur propos, de « trio gay » . Roman d’éducation et pas seulement roman historique, Vie, Errances et Vaillances d’un Gaillard Libertin narre donc les années de formation d’un jeune homosexuel. De Paris à Rome et retour, en passant par Calais, Loudun, où il est témoin de l’affaire des convulsionnaires. Paris d’abord, où naît Charles d’Assoucy d’un père magistrat qui laisse à son fils libre accès à une bibliothèque « pauvre en ouvrages de théologie ou de morale » mais où « se bousculaient sur les rayons les poésies les plus licencieuses, les satires les plus scabreuses, les épigrammes les plus spermatiques, les contes les plus drolatiques… » .

Le ton est donné. Claude Puzin décrit d’une langue aussi verte qu’acérée , et avec un humour constamment soutenu, le Paris de la rue aussi bien que celui de la cour royale. Son héros fréquente aussi bien l’un que l’autre – il n’est pas le seul – et y fait son éducation. Il décrit les grands aussi bien que le peuple. Des arcades de la place Royale aux berges de la Seine, où l’on prend le soleil et se baigne en été, Claude Puzin donne de Paris des images que nous donne rarement la littérature. Il a habilement utilisé à cet effet les Historiettes de Tallemant des Réaux.

Il nous rappelle que ce livre, publié seulement au XIXème siècle, avait fait « aussitôt scandale : on était loin des ors et des pompes du Grand siècle ! Son réjouissant envers ! » . On est loin aussi des « morales du Grand Siècle » . Non que Claude Puzin récuse ces dernières. Mais il montre les deux faces d’un siècle. Et ses deux temps : « « L’affaire Théophile  » donna à la première un brutal coup d’arrêt… Ce fut alors l’époque des Tartuffe, et les Don Juan se firent faux-dévots » .
Non que la première ait été pain bénit pour les libertins. Claude Puzin ne cède pas non plus à la tentation de l’hagiographie. La force de son livre est, je ne saurais trop y insister, d’articuler description des mœurs et évocation de théories philosophiques qui ont pu conduire leurs auteurs au cachot, voire au bûcher. Ces deux réalités sont également décrites. Le héros du roman connaît lui-même, à Rome, la prison et se trouve entre les mains de l’Inquisition. C’est dire que l’on ne peut pas plus taxer Claude Puzin de légèreté que de complaisance. Effectuant en quelques pages, voire en quelques paragraphes, d’habiles synthèses, mises dans la bouche des personnages, des théories, notamment, de Gassendi, saisies donc in vivo , il en rappelle au lecteur la substance. Je ne puis évidemment dresser ici la liste de toutes les références. Je me contenterai de citer encore Giordano Bruno, dont la philosophie est brillamment exposée à Charles d’Assoucy par son co-détenu italien dans la prison de Rome.
Le séjour du héros à Rome coïncidant avec un conclave, Claude Puzin fait un tableau décapant de l’institution vaticane et d’une Rome qu’il appelle – c’est le titre d’un des chapitres du roman – « La nouvelle Sodome ». Il pense, indéniablement, à ce qu’a représenté depuis la Renaissance le voyage en Italie. Je suis tenté de dire que celui qu’il fait faire à ses héros a quelque chose d’un anti-voyage. Mais le terme, trop formaliste, ne lui plairait certainement pas. Il ne rend pas compte de ses intentions, qui ne sont pas tant de « déconstruire » – foin de la prétendue modernité ! – que de démythifier les discours et pensées convenues d’une vulgate.

Il s’agit en somme de monter la complexité du réel, de ne pas abstraire l’histoire de la littérature et la matière littéraire de leurs contextes, des contradictions et travers d’une société, des êtres. Le livre, qui joint l’utile à l’agréable, est en cela pour les professeurs de Lettres d’un non négligeable apport.

Michel Serceau, mars MMXIII

LA PASSION SELON VALLOIS lu par Xavier Le Herpeur

Réduire Philippe Vallois, cinéaste méconnu, à sa seule homosexualité serait une ineptie. Même s’il l’a toujours filmée et revendiquée. Une identité sexuelle ne définissant personne, il faut aussi parler de son militantisme mais surtout de son audace, son sens esthétique, la sensualité rageuse de son cinéma, son goût pour la transgression et son éclectisme. Autant de raisons de découvrir ce livre de « mémoires » complété par deux DVD d’œuvres rares.

Xavier Le HERPEUR, Studio ciné live, mars 2013

Même en Ukraine…

Une courageuse revue ukrainienne gay – courageuse, parce que l’on sait à quelle hostilité font face les gays du pays – intéressée par l’activité d’ErosOnyx Éditions, a publié en 2013, avec une interview de deux des membres du bureau de notre direction éditoriale, la traduction d’une page de Bleus de Pierre Lacroix et un extrait de Strip Hotel de Jacques Astruc.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que nous en sommes tous flattés. Patrick Dubuis, directeur de publication de la revue Inverses, grâce à qui ErosOnyx est entré en relation avec les forces vives de l’Éros ukrainien, a eu le droit au même honneur, en accordant une longue interview à cette revue.

La couverture de cette dernière est non seulement belle, mais parlante.