Pierre Attal de l’APL (Association des professeurs de Lettres) a lu « Louis de Bourbon, ou le soleil maudit » de Claude PUZIN

                                   Roman historique. 295 p. , Éditions ErosOnyx, 2019.

            La première de couverture reproduit un tableau : celui du visage d’un joli jeune garçon, revêtu d’une armure sombre ornée de fleurs de lys dorées ; un flot de dentelle blanche et de nœuds de tissu rose recouvrent partiellement sa poitrine.

            Louis de Bourbon ? Soleil maudit ? Est-ce Louis XIV ? Pas du tout. Il s’agit d’un bâtard du Roi Soleil, le quatrième enfant qu’il eut avec Louise de la Vallière ; deux premiers garçons moururent en bas âge, puis naquirent une fille, Mademoiselle de Blois, qui devint princesse de Conti, et enfin Louis, dont Claude Puzin nous conte la vie tragique, mort à 16 ans.

            La mention Roman historique a son importance, nous le verrons. L’auteur, Claude Puzin, ancien normalien, agrégé de Lettres Classiques, se tourne vers l’écriture à sa retraite, mais son travail est interrompu par sa mort prématuré en 2013. Son roman historique révèle un talent incontestable. La construction du récit est habile : elle maintient constamment l’attente du lecteur. Ainsi Puzin imite un montage cinématographique : le flash back. Le premier chapitre (Le deuil d’une mère) est celui qui est censé clore l’ouvrage : Bossuet vient annoncer la mort de notre « héros » à sa mère, Louise de la Vallière, dans le Carmel de la rue d’Enfer, où elle s’est retirée en 1675, quand Louis de Bourbon n’avait que 8 ans. Les derniers mots du chapitre que l’ex-grande Favorite, devenue Louise de la Miséricorde, prononce en quittant Bossuet : « Je dois bien davantage pleurer sa naissance que sa mort », montrent un art certain de la transition et, d’autre part, nous ramènent plusieurs années en arrière, avant Versailles, au moment où le frère du roi épouse Henriette d’Angleterre.

            Pourquoi ne pas le dire, je fus moi-même, en feuilletant le livre et en rencontrant les noms d’Henriette d’Angleterre, de Saint-Aignan, de Guiche, voire de Manicamp, ramené à mon adolescence, quand je lisais avec passion Le Vicomte de Bragelonne qui paraissait en petites brochures régulières. Mais Puzin a pris soin de se distinguer d’Alexandre Dumas, dans sa postface (p. 281 et sv) : il n’a inventé aucun personnage comme Raoul, fils d’Athos, tout son ouvrage est fondé sur des faits réels ; d’ailleurs, il ne m’a pas fallu longtemps pour prendre conscience de ce que l’auteur souligne dans la dernière phrase : « Le Grand Siècle en somme avec son avers et son revers » : nous sommes à mille lieues de simples intrigues amoureuses du roman de Dumas.

            Nous distinguerons deux grandes parties dans ce roman : les six premiers chapitres justifient pleinement l’adjectif historique que l’auteur accole à roman ; les six derniers répondent plus à ce que connote le substantif : même si Puzin se fonde sur ce que rapportent plusieurs chroniques de l’époque, comme L’Histoire amoureuse des Gaules qui valut à Bussy-Rabutin un exil long et déprimant, le récit est beaucoup plus romanesque ; l’auteur y donne libre cours à son imagination.

            La couleur même des deux parties est différente : le lecteur a plus souvent l’occasion de sourire en lisant la première partie ; mais peu à peu le noir s’impose. Si nous négligeons le chapitre d’introduction, ceux qui suivent ne nous éloignent pas trop du Vicomte de Bragelonne : Louis XIV a 23 ans, il est majestueux, élégant ; il éblouit la toute jeune Louise de la Vallière (17 ans), fille d’honneur d’Henriette d’Angleterre (17 ans aussi), qui vient  d’épouser Monsieur. De son côté, le roi est attiré par sa belle-sœur ; l’insignifiante Marie-Thérèse est délaissée et va pleurer auprès de sa belle-mère Anne d’Autriche. Le scandale est proche : il faut trouver un paravent ; le choix se porte sur Louise. Mais ce que n’attendaient ni Louis XIV, ni Henriette, le roi tombe amoureux de celle qui devait simplement détourner les regards de la cour, « la plus douce, la plus modeste, la plus inoffensive, la moins susceptible d’éclipser l’altière Henriette » (p. 35). Bref, il n’a pas de mal à faire céder Louise et, de leurs amours, naissent quatre enfants, dont les deux derniers survivent : Mademoiselle de Blois et Louis de Bourbon.

            Ce dernier est tout de suite légitimé et nommé Comte de Vermandois et, alors qu’il est encore un bébé, Amiral de France ! Mais sa naissance a lieu alors que le roi se détache de la favorite que remplace peu à peu Athénaïs de Montespan. Cette coïncidence explique la faible affection que La Vallière porte à son fils. Pendant un temps, Louis XIV s’affiche aux yeux amusés ou choqués de l’Europe avec trois « reines », la triste Marie-Thérèse, la favorite en titre, Louise, et la « sultane », la Montespan, « sans compter les passades concurrentes ». Avec une sorte de perversité, le roi loge les deux favorites dans des appartements communicants, près de celui d’Henriette, en les forçant à vivre ensemble. Louis, d’abord confié à Madame Colbert avec sa sœur aînée, est présenté à la cour ; son père le prend en affection et l’impose au Grand Dauphin. Mais quand, de guerre lasse, sa mère se réfugie au Carmel, Louis est livré à lui-même. Tout alors se joue en très peu de temps.

            Le chapitre VII ouvre la deuxième partie : elle relate les événements qui précipitent Louis de Bourbon, entre 1675 et 1682, d’abord à sa disgrâce et à son exil à Fontainebleau, puis à sa mort brutale. Cependant, le chapitre VIII (Le père et le fils) nous donne des détails sur la façon de vivre de Louis XIV qui n’ont que peu à voir avec les relations entre le roi et Louis de Bourbon ; ils justifient qu’on le relie à la première partie et méritent qu’on s’y arrête : la cour est désormais à Versailles ; Puzin décrit la cérémonie du lever du roi aussi pittoresque que scabreuse. Devant une foule de courtisans (et parmi eux, Louis de Bourbon), Louis XIV s’installe sur sa chaise percée, ce qui entraîne des exhalaisons qu’on devine ! Puis nous avons des détails sur la journée royale : le petit ou le grand couvert où le roi fait preuve d’une gloutonnerie peu ordinaire, avec trois services d’une dizaine de plats (pour le petit couvert) ou cinq services (pour le grand) ; le roi mange avec les doigts et s’empiffre en particulier d’œufs durs et de petits pois !

            Quittons ces pages amusantes et revenons à la tragédie. Dans cette partie, nous l’avons dit, sans quitter l’histoire (Puzin n’invente aucun fait), l’auteur doit laisser libre cours à son imagination de romancier, en l’absence de tout témoignage direct et précis sur les scènes ; un exemple m’a frappé : à la suite d’une débauche sordide qui débouche sur la mort d’une prostituée (nous en dirons davantage plus loin)[1], le roi fait venir son fils ; l’interrogatoire auquel il le soumet est d’une très grande intensité dramatique, cependant j’ai du mal à me figurer Louis XIV prononçant des mots comme : « Louis, répondez sans détour… Avez-vous été … bougre ou bien bardache[2] ? »

            Ces derniers mots laissent deviner sans peine l’origine de la tragédie : Louis de Bourbon se révèle homosexuel. C’est ce qui entraîne sa perte. Le chapitre VII s’intitule Les chevaliers italiens. L’épithète pourrait surprendre ceux qui ignorent qu’à l’époque le terme d’homosexualité n’existait pas encore[3]. L’homosexualité masculine était appelée le mal italien, voire grec. Le frère du roi, Monsieur, était lui-même notoirement homosexuel. Il était lié au Chevalier de Lorraine qu’on appelait l’Archimignon. Quand ce dernier se convainc, par des rapports d’espions, mais aussi en le provoquant lui-même, que Louis de Bourbon n’a aucune attirance pour les femmes, il ne lui reste plus qu’à initier le tout jeune garçon, qu’il appelle « ce joli petit poulet de grain ».

            Un personnage haut en couleurs que ce Chevalier, descendant des Ducs de Guise. Soyons clairs : ce serait une grande erreur de la part de lecteurs du XXIe siècle de voir en lui un militant avant l’heure de la cause homosexuelle. Pourtant, si l’on en croit Puzin, il avait des aspects très modernes : « Point de Dieu ! Point de péché originel ni de péchés mortels ! » (p. 185). « Jouir ! Il n’est que de jouir ! » (p. 199). Et voilà qu’il organise une véritable secte dans le plus grand secret. Puzin reproduit les neufs articles qui fonde l’Ordre. Il les reprend à Bussy-Rabutin qui les avait cités dans son Histoire amoureuse. Il est inutile de préciser que Louis XIV qui n’a pas oublié les horreurs de la Fronde n’aurait pu tolérer une semblable confrérie qui sent le complot, le désordre, la remise en cause de l’absolutisme royal. D’ailleurs ce n’aurait pas été une crainte infondée.

            Je n’insisterai pas sur le long récit de la cérémonie d’initiation qui a lieu en juin 1682 (chapitre X, 33 pages). Le romancier fait preuve à cette occasion d’une complaisance et d’une crudité dans l’expression et la description qui n’est en rien atténuée. La cérémonie parodie les cérémonies sacrées à grands coups de formules latines ; Satan et tous les Anges rebelles sont invoqués ! Mais les choses tournent vite au tragique : comme certains adeptes de la secte fréquentent aussi les bordels, une nuit, poussant la plaisanterie un peu loin, ils ligotent une prostituée et lui enfoncent « dans la tranchée » une fusée à laquelle ils mettent le feu, faisant exploser le ventre de la malheureuse ! L’événement est rapporté sobrement par Bussy-Rabutin. Les choses se précipitent : mis au courant, Louis XIV fait venir Louis de Bourbon (que le rapport de police mentionne parmi les membres de la secte), l’interroge, le fait fouetter devant Louvois par des valets. Quand l’adolescent livre les noms des principaux sectateurs, que le roi connaissait déjà, son sort est fixé : exilé à Fontainebleau avec son précepteur, il n’a qu’une idée en tête : rentrer en grâce. Il se couvre de gloire dans des combats, mais meurt en quelques jours d’une dysenterie foudroyante en exprimant le seul regret de ne pas mourir au champ d’honneur.

            Ce livre m’a révélé un nombre considérable de choses que j’ignorais totalement. Dans sa correspondance, Madame de Sévigné ne fait qu’évoquer Monsieur de Vermandois à côté de sa sœur. Le prolixe (mais pudique) Saint-Simon fait deux allusions à Louis de Bourbon dans ses très longs Mémoires. C’est bien le sombre revers du grand siècle que nous fait connaître Claude Puzin.

                                                                                                           Pierre Attal


[1] Bussy-Rabutin signale l’événement en peu de mots et, bien sûr, sans nommer Louis de Bourbon.

[2] On appelait bougre l’homosexuel « actif » et bardache le « passif ».

[3] Avec raison, Puzin lui-même ne l’emploie jamais.

Dans « La Cause littéraire »

Lettres volées, roman d’aujourd’hui, suivi de 28 lettres inédites de Robert d’Humières à Colette et d’un dossier spécial autour de Robert d’Humières,

ErosOnyx éditions, collection Classiques, décembre 2019

328 p. 16 euros

      « Je pleure nuit et jour […] Robert d’Humières », Marcel Proust

Robert d’Humières (1868-1915) est un écrivain méconnu de la Belle Époque, également poète, traducteur, essayiste, un familier de Proust et de Colette. Si son nom est parvenu jusqu’à nous, c’est surtout grâce à sa traduction, avec Louis Fabulet, du « Livre de la jungle » de Rudyard Kipling, toujours disponible de nos jours. Pourtant son œuvre, en plus d’autres traductions de Kipling, de Joseph Conrad, de James Matthew Barrie (l’auteur de Peter Pan) ou de Lewis Wallace (Ben-Hur), comporte aussi pièces de théâtre, recueils de poèmes, essais, ainsi qu’un roman, « Lettres volées roman d’aujourd’hui », objet d’une nouvelle publication (la première remonte à 1911) aux éditions ErosOnyx, avec une préface d’Alain Stœffler, judicieusement accompagnée d’un dossier complet sur l’auteur (comprenant son dossier militaire), de repères chronologiques et d’une bibliographie sélective. Vingt-huit lettres inédites de Robert d’Humières à Colette complètent cet ensemble et l’éclairent.   

On n’entre pas immédiatement dans ces « Lettres volées ». Car, avant d’en atteindre le noyau vivant, le cœur palpitant, il faut en franchir le seuil, c’est-à-dire saisir leur environnement, tant historique et psychologique que stylistique.

Nous sommes à la fin du XIXème siècle, entre Paris et la Bretagne, dans un milieu mondain et aristocratique. Un mariage se prépare, typique de l’époque, entre vieille famille noble aux racines provinciales, les de Kerolim, et haute bourgeoisie industrielle et financière d’origine juive, les Knupf. Ballet des vanités, à l’ombre du conformisme de classe et des préjugés.

Dans cette atmosphère où les conventions et les codes sociaux ne servent plus qu’à camoufler intrigues et manipulations, il n’y a pas jusqu’aux noms de certains personnages, les plus dissimulés et calculateurs peut-être, qui ne signalent au lecteur leur psychologie et leur ridicule, marquant la coloration ironique, voire parodique du livre : la marquise de Glamour et le révérend père Truc. Le mariage de Robert de Kerolim et de Marie-Jésusa Knupf va être l’occasion pour eux de déployer tout leur talent.

Pour exprimer les espoirs et les craintes comme les illusions des principaux protagonistes de ce drame, Robert d’Humières n’hésite pas à user d’un style riche, au vocabulaire foisonnant, aux phrases chantournées, parfois excessivement ornées. Si le genre du roman épistolaire, auquel appartient « Lettres volées », fait songer au modèle du XVIIIème siècle, et particulièrement, compte tenu de l’intrigue amoureuse, aux « Liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos, il s’en distingue doublement par le style et le ton.

Une fois connu ce contexte, qu’avons-nous dans ces pages ? Un véritable plaidoyer pour l’amour, pour un amour sincère, spontané, sans arrière-pensées. Un amour libéré des contraintes sociales et qui ne se laisse pas instrumentaliser, qui déjoue au contraire tous les calculs, ceux de l’experte marquise comme de la fausse ingénue Marie-Jésusa, et qui se porte tout aussi bien sur le camarade de classe devenu soldat à qui Robert avoue, dans l’une des plus belles lettres du roman, qu’il lui a fait entrevoir un « rêve de fraternité héroïque » et lui déclare : « Je suis né en toi au sentiment, à la beauté, à la vie vivante. »

Est-ce à dire que l’amour renverse tout sur son passage ? Pas tout à fait. Chez Robert d’Humières, dont on peut penser qu’il s’exprime là par le truchement de ses personnages, point de vaines tentatives pour « secouer ainsi toutes contraintes. » Mieux vaut une obéissance apparente aux lois communes qui, au fond, donne « une tenue, une grâce, un style » et le plaisir rare « de payer l’hypocrisie par son impénétrabilité ». Ainsi pourra-t-on créer à l’amour de son choix, « dans la foule qui submerge une solitude aussi merveilleuse que celle des plus féériques exils. »         

Morale de grand seigneur peut-être, mais ce qu’il faut à tout prix éviter, c’est « la vie qui calme, assoupit, embourgeoise, acoquine -la laide vie mélancolique. » Ce qu’il faut fuir, c’est « l’inharmonie et la laideur. » A mesure qu’on avance dans le roman, on sent croître l’insatisfaction devant cette vie contrefaite, médiocre, dont on voudrait se dégager, parfois avec l’énergie du désespoir, pour se tourner vers un absolu libérateur : « dans la passion et dans l’infini, il n’y a ni beau, ni laid, ni bien, ni mal, ni haut, ni bas. Mais c’est toujours quitter la terre » laisse ainsi échapper comme dans un cri la marquise.

Dès lors, pour ceux qui cherchent à se délivrer, à commencer par Robert de Kerolim alias Robert d’Humières, n’en doutons pas, et dans une moindre mesure Marie-Jésusa Knupf, il n’y a plus d’échappatoire. Pour Robert, rester fidèle à son amour de jeunesse, à l’idéal du soldat amant avec qui s’initier à « la mort qu’on risque et à celle qu’on donne », devient l’horizon ultime, la preuve d’une vie authentique, l’accomplissement du destin « sur l’aile du vivant », laissant tous les autres, ceux qui se survivent, à leur sort de « cadavres en sursis. » Et pour la jeune mariée, le souvenir amer d’une passion gâchée.

Les lettres de Robert d’Humières à Colette n’avaient jamais été publiées et c’est à une première que nous convient donc les éditions ErosOnyx (on trouvera les lettres de Colette à Robert dans les Cahiers Colette n°16). Elles s’échelonnent de 1901 à 1915, date à laquelle le traducteur et poète trouve la mort sur le front. On y suit l’évolution de leurs rapports, de la politesse du début aux prémices de leur rapprochement (l’amour partagé des chats, du Midi) jusqu’à la franche complicité, artistique et personnelle, qui culmine au Théâtre des Arts (devenu aujourd’hui le Théâtre Hébertot) dont Robert est le directeur artistique de 1907 à 1909. Il y programme Loïe Fuller, Franck Wedekind, Oscar Wilde et invite Colette à s’y produire.

Si leurs trajectoires se séparent ensuite, la notoriété littéraire pour elle, la vie retirée sur les hauteurs de Grasse pour lui, entrecoupée de brefs voyages, ils restent attentifs l’un à l’autre et ne manquent jamais une occasion de se revoir. Jusqu’à ce que la guerre éclate, en août 1914. Bien qu’âgé de 46 ans, Robert d’Humières s’engage. Comme le montrent les lettres alors adressées à celle qui reste une amie intime, malgré une désinvolture de façade, à l’enthousiasme des débuts succède la désillusion : « l’horreur peut être crevante -on se bat, on dort et on pense dans la boue. » A la suite de péripéties que le dossier analyse comme s’apparentant à une affaire de mœurs entre l’officier et son ordonnance, il est envoyé au front et y trouve la mort le 27 avril 1915. Une mort glorieuse de héros qu’il s’est pour ainsi dire choisie.

Donner le change, recevoir à titre posthume citation, croix de guerre et Légion d’Honneur, oui. Vérité pour les autres. Mais pour lui, ce qu’il attendait, ce qu’il espérait, ce fut cela, « le saint archange descendu des nuées avec son épée de feu », l’assaut à la tête de ses hommes et la balle en plein cœur. Pour retrouver le paradis perdu des fraternités viriles dans l’héroïsme des combats, tels, au bataillon sacré de Thèbes, Éros et Thanatos mêlés, les soldats amants qui tombent côte à côte et ne reculent pas.

                                                                                            Luc-André Sagne  

Robert d’Humières est né le 2 mars 1868 au château familial de Conros, dans le Cantal. Comme son milieu l’y pousse, il entre à Saint-Cyr en 1887 mais ne s’y plaît pas. Sorti en qualité de sous-lieutenant, il démissionne de l’armée en 1892. S’ouvre alors pour lui une période de longs voyages qui le mènent à travers toute l’Asie jusqu’en Inde où il séjourne et qui va profondément l’influencer. Le mariage avec une cousine en 1905 marque un nouveau tournant. Son goût pour la littérature et la musique s’exprime pleinement au Théâtre des Arts qu’il dirige deux ans. Sa vie est plus retirée par la suite. Il meurt sur le front le 27 avril 1915.   

MIKHAÏL KOUZMINE, Vivre en artiste

Les envois de service de presse sont faits.

L’ouvrage est référencé sur beaucoup de sites.

Une interview du traducteur devrait avoir lieu sur Homo Micro (Paris Fréquence Plurielle (FPP, 106.3 MHz) le premier lundi du mois de novembre.

Voilà, vous savez tout ! Non, pardon… Suivra au printemps prochain la publication de Chansons d’Alexandrie, premier recueil de Kouzmine d’abord paru dans la revue La Balance, puis dans Filets et enfin en livre sous ce titre en 1921 avec la partition voix-piano de Kouzmine lui-même. Celle-ci accompagnera le recueil en édition bilingue, traduit en français par Bernard Kreise, traducteur de Les Ailes (Éditons Ombres, 2000).

Ci-dessous la tombe de Kouzmine à St-Pétersbourg

Nous avons été heureux de lire dans Les Lettres françaises du 13 septembre un long article , signé René de Ceccaty, consacré à ce titre qui sera très bientôt en librairie.

Ajoutons à cette information que Les Lettres françaises devraient bientôt reparaître en version papier. Nous en sommes aussi très heureux.

De notre correspondant à Leipzig (Allemagne )…

Der Ring der Nie Bezwungenen
Erzählung
von Stephan Weitzel

Hannes Franzmann, Verlagsmitarbeiter, reist zu einem Kongress nach Leipzig. Es ist das erste Jahr der Pandemie, die Ausgangsbeschränkungen sind kurzzeitig aufgehoben. Bei einer Stadtführung entlang des Promenadenrings lauscht er den Erzählungen des Gästeführers. Endlich wieder unter echten Menschen. Luft spüren. Stadt riechen und sehen und hören.

Leipzigs reiche Vergangenheit voller europäischer Kulturgeschichte wirft Licht auf die Fragen der Gegenwart. Sind Franzmanns Überlegungen, die als zweite Stimme einen imaginären Dialog entflammt, gar ein Pamphlet gegen den technischen Fortschrittsglauben?

Sein Gespräch mit einem Kollegen an der Hotelbar wird zum Plädoyer für etwas, das ihnen beiden am Herzen liegt. Die alte Buchstadt Leipzig, sie ist noch immer da. Und in den Tiefen der Nacht erfährt Franzmann, was es wohl auf sich haben könnte mit dem Bezwingen.

Eine überraschende poetische Außensicht auf den Leipziger Ring, für einheimische Leser geradezu erfrischend wie eindrucksvoll, was wache Besucher hier im Rundgang auf- und mitzunehmen vermögen.

Récit, augmenté d’une cinquantaine de photographies pleine page
204 pages couleur, éditions Sax, 2021

Le titre : « Le Ring de ceux qui n’ont jamais été vaincus », fait référence à la fois au périphérique qui entoure le petit centre-ville historique de Leipzig et aux manifestations paisibles d’automne 1989 qui, le long de ce périple, ont mené à la chute de la RDA, au Ring de Wagner, fils de la ville, mais aussi au ring de boxe comme synonyme de toutes les luttes.

Le livre : Hannes Franzmann, employé d’une maison d’édition, voyage à Leipzig pour participer à un congrès. C’est l’an I de la pandémie, les restrictions du confinement sont temporairement suspendues. Pendant une visite guidée de la ville, il écoute le récit du guide. Enfin de retour parmi de vraies personnes ! Respirer l’air. Humer la ville, la voir, l’entendre.

Le riche passé de Leipzig, riche d’histoire de la civilisation européenne, oriente les phares sur les questions du présent. Les réflexions de Franzmann qui enflamment comme une seconde voix narrative un dialogue imaginaire, seraient-elles un pamphlet contre la confiance dans le progrès technique ?
Son entretien avec un collègue au bar de l’hôtel devient un plaidoyer pour quelque chose qui leur tient à cœur à tous deux : Leipzig, la vieille ville du livre, elle est toujours là. Et c’est dans les profondeurs de la nuit que Franzmann apprend de quoi il pourrait s’agir, dans cette question de ne jamais se laisser vaincre.

Sur le site Livresgay.fr une recension dithyrambique

Synopsis

Hannes Steinert est né en 1954 à Stuttgart (Allemagne) où il travaille encore. Il expose depuis 1984. Sa dernière exposition en France date de l’année 2007, à la librairie-galerie Les Mots à la Bouche à Paris. En Allemagne, il a exposé à Berlin à Jackwerth Verlag ainsi qu’à la librairie Eisenherz, de décembre 2007 à février 2008, à Munich à la Kunstbehandlung en mars et avril 2008, à Stuttgart à la galerie Merkle de septembre à novembre 2011 et tout dernièrement, en 2012, à la Galerie Bovistra. En Hollande, en 2012 encore, son travail a fait l’objet d’une exposition chez Jan van Stralen & Sandro Kortekaas à Groningue, à la Galerie MooiMan. Dans une édition trilingue, il a publié à Hambourg en 2008, chez Männerschwarm Verlag, une plaquette intitulée Plaisir d’amour. Hannes Steinert a aussi successivement illustré pour ErosOnyx Editions Mythologie gayment racontée (2009) d’Yvan Quintin et Amours garçonnières (2010) de Clément Marie.
Notre avis

Je pensais que le plus difficile, ce serait de résumer et de présenter des recueils de poésie ou de nouvelles. Mais ça, comme dit la pub, c’était avant. Essayez de le faire pour ce que l’on appelle communément des Beaux Livres, et vous verrez. Déjà, comment en faire un résumé digne de ce nom quand il n’y a que des images à résumer (plus précisément, des dessins)? Faut-il en décrire certaines au risque de faire bailler les internautes? Et comment fait-on quand, en plus des images, il y a des textes? Et pas n’importe quels textes – mais des poèmes en plusieurs langues? Présenter l’artiste alors que son curriculum vitæ a été raconté de façon succincte mais exhaustive dans le synopsis? Dilemme…

Du coup, je me résous à vous livrer une critique un peu différente de celles que vous trouvez habituellement sur ce site. Je vais commencer par reprendre le terme utilisé dans le paragraphe précédent: Beau Livre. Eh bien, celui-ci l’est sans doute, en plus d’en être un qui a l’avantage a) de ne pas peser trois tonnes (comme c’est souvent le cas), et b) de ne pas être d’un format quasi-impossible à manier. Ici, il s’agit d’un 24×24 cm à vue de nez, très pratique, et qui s’apparente plus à un livre de poche de qualité. C’est aussi un de ces livres que l’on feuillette une première fois pour s’imprégner du style de l’artiste, de sa technique, de ses sujets, ses particularités, ses prédilections, ses petites obsessions… Puis, plus tard, on le reprend, on s’arrête sur un dessin, on l’étudie de plus près, on fait une nouvelle halte pour lire un poème, pour faire fondre les paroles dans sa bouche, les ruminer dans sa tête, les faire résonner dans son cœur. De fil en aiguille, ça devient un livre que l’on a manipulé plusieurs fois, que l’on reprend de temps en temps car on découvre toujours de nouvelles choses. La beauté d’une image, c’est qu’elle a beau rester la même, elle n’aura jamais deux fois le même impact.

C’est donc ce que j’ai fait. Sûrement parce que j’ai tout de suite accroché. J’adore ce style léger et enlevé du dessinateur, Hannes Steinert, qui a un grand faible pour les jeunes hommes non seulement bien faits de leur personne – sculpturaux, aux pectoraux saillants, aux tétons qui pointent, aux sexes garnis (il y en a pour tous les goûts, d’ailleurs), aux culs bombés, aux poses souvent alléchantes –, mais aussi beaux comme des dieux antiques. Donc, j’avoue, il y a pire comme passe-temps que de reluquer ces gars aux corps glabres, aux minois de mannequin et aux moues et à la légère mélancolie qui donnent envie de s’occuper comme il faut de ces jeunots. Certes, la plupart n’ont pas l’air d’avoir besoin de nous, les spectateurs voyeurs; la plupart semblent retirés, vivant dans leur monde, leur bulle, se suffisant à eux-mêmes ou déjà tellement bien accompagnés que l’on se sentirait presque comme un intrus. Si leurs poses sont lascives, il se dégage d’eux ce je-ne-sais-quoi de naturel, de non-pose justement, d’innocent peut-être, de précieux sûrement. D’ailleurs, bien que rien ne soit caché par un excès de pudibonderie, ce qui m’a frappé, en-dehors de la beauté des dessins, c’est leur caractère pas du tout pornographique. Aucun phallus érigé ne m’a semblé salace.

Ajoutez à ça une sélection de très beaux poèmes, qui vont d’auteurs antiques en passant par des poètes classiques jusqu’à des écrivains modernes. Quelle n’a pas été ma joie de découvrir du Virgile, du Shakespeare, du Michel Ange, du Stefan George (que j’ai étudié au lycée tout en ignorant qu’il ait pu dédier certaines lignes aux beaux garçons), du Baudelaire, du Whitman, du Garcia Lorca… Et quel plaisir de trouver ces textes en version originale avec, à côté, la traduction française. Ça m’a laissé le choix, et pour l’allemand, l’anglais et l’espagnol, j’ai donc pu favoriser l’original. Mais même les autres textes – le latin m’a rappelé de bons souvenirs (je suis un de ces mecs bizarres qui aimaient bien cette matière, au lycée); le grec, j’arrive à le déchiffrer, et j’adore le son de ses mots même si je n’en comprends pas des masses; pareil pour l’italien, le portugais, le russe… Très bonne idée d’avoir mis les deux versions.

En résumé, ça fait du bien, de temps en temps, de fermer le roman qu’on est en train de lire pour ouvrir un livre comme celui-ci. Il offre la possibilité de se laisser aller dans des rêves éveillés, de laisser son âme se soulever et voleter en toute légèreté. Ça change, donc, et très agréablement, en plus. Petit livre vivement recommandé, aux esthètes et à celles et ceux qui aiment les belles formes.
Infos

Auteur : Hannes Steinert
Titre : H comme…
Publié par : ErosOnyx Éditions
Publié le : 1er novembre 2012
Genre(s) : Beau livre, dessins, poésie
Pages : 144
Lu par : ParisDude
Sensualité : 4 flammes sur 5
Note

5 étoiles sur 5

Sous le titre « Parodie » dans Le Monde des Livres du 5 mars 2021

PARODIE L’humour du désespoir

Qui a pu imaginer l’audacieux vol du cadavre de l’anarchiste Jésus-Christ sitôt exécuté ? Ces apaches ou « filles de bas étage » qui le croient immortel ? Dans ce début du XX° siècle où « la gloire n’est plus – la gloire est morte. La réclame l’a tuée. La célébrité vulgaire a pris sa place », c’est la poète Renée Vivien (1877-1909) qui ironise en se jouant de genres qu’elle exècre – fait divers à sensation et album mondain. En composant deux brochures humoristiques confidentielles où elle s’essaie à une veine parodique encore inédite sous sa plume, elle habille d’humour le désespoir qui la mine. Sans doute les personnages de son panthéon, qu’elle invite dans un monde moderne qui ne veut pas d’elle, plaident-ils sa cause. Ici, le Christ comme la déesse sont les frères en désillusion de Vivien, qui tranchent : « L’écrivain, s’il a quelque valeur réelle, est et doit être au-dessous de son œuvre ».

Philippe-Jean Catinchi Le Monde des Livres, vendredi 5 mars 2021
À propos de Le Christ, Aphrodite et M. Pépin, suivi de L’Album de Sylvestre, de Renée Vivien, ErosOnyx, 88 p., 11, 00 € (En librairie le 12 mars).

Dans VALEURS ACTUELLES du 22 octobre,…

Lettres volées de Robert d’Humières
ErosOnyx, 336 pages, 16 €.

RARE
On le connaît comme remarquable traducteur (de Kipling, de Conrad), comme ami (de Proust, de Colette), mais cette connaissance transitive est une grande injustice
à son égard : le vicomte d’Humières (1868-1915) est un écrivain rare, qui poussera la noblesse de son caractère jusqu’à la bravoure de la mort au combat. Un des per- sonnages de ce roman épistolaire rappelle que « la vie, il faut la menacer pour qu’elle vous cède son trésor ».
Cette édition, préfacée par Alain Stœffler, est augmentée de lettres inédites à Colette et d’un dossier biographique et critique de Pierre Lacroix
et Yvan Quintin. Ph. B.

À GENÈVE, LE 2 NOVEMBRE 2020, FANNY ARDANT INTERPRÈTE PHAIDRA DE RITSOS

En raison des mesures sanitaires en vigueur dans le canton de Genève, la soirée  » POUR L’AMOUR DES ÉTOILES  » prévue initialement pour le 2 novembre 2020 est annulée et reportée sine die.

REPORTÉE EN 2021 ET SURTOUT PAS ANNULÉE !

Félix Mendelssohn (1809-1847)
SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ · OUVERTURE

Bastien David (né en 1990)
« PHAIDRA »· NOUVELLE PIÈCE POUR COMÉDIENNE & ORCHESTRE
COMMANDE DU GENEVA CAMERATA · CRÉATION MONDIALE
Avec la participation de Fanny Ardant

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
LA FLÛTE ENCHANTÉE · OUVERTURE

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
AIRS DES GRANDS OPÉRAS AVEC QUATRE SOLISTES LYRIQUES & ORCHESTRE
Avec la participation de Clémence Tilquin, Mélodie Ruvio, Vincent Lièvre-Picard, Benoît Arnoult

GENEVA CAMERATA – GENÈVE
SOIRÉE DU 2 NOVEMBRE 2020, 20 h
POUR L’AMOUR DES ÉTOILES

FANNY ARDANT
COMÉDIENNE

CLÉMENCE TILQUIN
SOPRANO

MÉLODIE RUVIO
CONTRALTO

VINCENT LIÈVRE-PICARD
TÉNOR

BENOÎT ARNOULD
BARYTON-BASSE

ENSEMBLE VOCAL DE LAUSANNE
CHŒUR

DAVID GREILSAMMER
DIRECTION

– BASTIEN DAVID (NÉ EN 1990)
NOUVELLE PIÈCE MUSICALE POUR COMÉDIENNE ET ORCHESTRE
COMMANDE DU GENEVA CAMERATA ・CRÉATION MONDIALE

– WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756-1791)
REQUIEM EN RÉ MINEUR


QUI EST BASTIEN DAVID ?

https://www.bastiendavid.com/Agenda.D.htm

Ci-dessous Bastien DAVID, Fanny ARDANT, David GREILSAMMER