Lu sur les Toiles roses

Culture : Homo Pierrot Tome 2 de Pierre LACROIX
Les suites des aventures d’Homo Pierrot

Pierrounel est « monté à Paris » !!! Encore un Auvergnat qui va y faire fortune ? Non : si Homo Pierrot est Parigot, c’est par amour pour le bel Erwan, muté dans la capitale. Bac en poche, l’élève a suivi son amour de prof de lettres.

Avec leur chien, ils s’installent Sous les toits de Paris pour y vivre la suite de leur histoire. Moins d’action que dans le tome 1, mais une réflexion toujours aussi profonde, contrastée et argumentée de cet écorché de Pierrot.

Le jeune homme apprend à se vêtir : ses pages (p. 13-15) sur le vêtement et le look sont un régal pour toutes les fashion victims qui trouveront là un fabuleux argumentaire à développer auprès de leurs copines ! Toujours plus soucieux d’intérieur que d’apparences, le jeune homme et son enseignant de compagnon, enrichissent leurs vécus d’observations d’une « communauté homo » en mutation. Avec un soupçon de FHAR et la plume de l’ange Hocquenghem, ils investissent le royaume de Navarre (Yves) pour créer le territoire de leur couple. Sensualité et sexualité doivent sans cesse fixer de nouvelles limites dans un gay-to bordé d’un Marais aux sables mouvants où le fantasme peut engloutir quelques rêves.

Côté réalité, Erwan confronte encore, même au coeur de Paris, ses rêves d’enseignant idéaliste à une réalité plus vulgaire (p. 64-65).

Oui, Erwan avait en lui cette gloire des choix que donne l’instruction, ce feu de croire en un grand corps mobile dont l’école est le sang, quand elle est vivante, exigeante et ne fait pas semblant d’instruire ! Tant qu’il y aura des professeurs comme lui, se disait Pierrot, les élèves auraient quelque chance de ne devenir ni chair à canons, ni chair à patrons, ni chair à curaillons…

Le X est plus hard dans le quotidien que dans les backrooms : Atarax, Stillnox et latex intempestif sont des rimes à l’ampleur inconnue dans la vie du couple Erwan-Pierrot, dont les traces vont marquer la fin de ce tome 2.

Mélancolie, dépression et mal du pays : on peut retrouver ici quelques éléments de la confrontation idéal/réel qui fait la richesse des camaïeux poétiques des Bleus qui marquent les yeux, les rêves et la peau de Pierre Lacroix.

Ce bleu qui s’éloigne contraste tellement avec les roses dont la graphiste Carlotta L. a entouré les lettres du titre HOMO PIERROT que l’on examine la couverture de plus près : il y a, en plus du vert du feuillage, des épines, rouges elles aussi. Impossible de dire, une fois le livre refermé, si le sang qui les a marquées est plus celui de Pierrot que celui d’Erwan. Il est cependant difficile d’imaginer que ce livre ne laisse aucune trace chez son lecteur.

Gérard Coudougnan