FUGUES (Montréal, Québec) réagit au Journal d’Omelette

En 1998, Rémi Lange diffuse en salle Omelette, un film tourné en super 8, qui est axé sur un thème éminemment personnel — comment annoncer son homosexualité à sa famille et, surtout, la crainte de leurs réactions.

Une démarche qui lui permet de se décharger d’un fardeau — mais qui amènera également sa mère à lui faire une révélation choc! J’ignore si un autre projet du genre fut déjà réalisé, mais il est assez troublant de pénétrer aussi profondément dans l’intimité d’un homme, de contempler ses incertitudes, ses hésitations, ses contradictions, de même que celles de ses proches, qui sentent peser sur eux le regard de la caméra toujours omniprésente.

Le film obtint un succès critique et populaire relativement important et fut retenu pour faire partie des collections permanentes du Centre Pompidou. Les éditions ÉrosOnyx nous présente ici un document exceptionnel: le journal personnel de Rémi Lange, rédigé pendant le tournage, suivi d’un dossier des réactions suscitées par le film (correspondance avec sa famille, revue de presse) et, finalement, un entretien réa-lisé en 2011 avec ce dernier portant sur son parcours depuis 1992. Le tout est accompagné du DVD du film avec de multiples suppléments composés d’archives filmiques personnelles.

Attention! Il s’agit d’un DVD de zone 2. Il est donc possible que certains lecteurs ne puissent le lire. Il ne devrait cependant pas y avoir de problèmes avec le lecteur d’un ordinateur. L’ouvrage n’est pas distribué sur le marché québécois; il est donc suggéré de le commander via une librairie française en ligne comme, par exemple, Amazon.fr.

Rémi Lange. Cassaniouze, France : ÉrosOnyx, 2011. 127p. (Collection Images)

FLEUR DE CHAIR, La Cigogne, revue bruxelloise

« L’écriture est aisée, subtile dans l’exposition d’états d’âme. Dans Fleur de chair l’acte sexuel ne se réduit pas à un plaisir purement physique. Oui, il arrive qu’il procède d’une pulsion instinctive, sans préméditation d’expérience ou de séduction, mais il est aussi l’aboutissement d’une passion amoureuse, transcendée par un total don de soi.

L’Énéide revisitée, une très belle et attachante nouvelle, en est l’exemple. Tous les personnages sont du même sexe. Peu importe! Éros se révèle toujours avec les mêmes élans.

ErosOnyx dans une enquête de Têtu, par Sébastien Létard, n° 164, mars 2011

… En publiant entre deux et six livres par an, ces entreprises ne survivent que parce qu’elles ont des «exigences salariales lilliputiennes», admet une éditrice. En 2007, les fondateurs d’ErosOnyx ont même totalement renoncé à vivre de cette activité en choisissant un statut associatif.«Il fallait éviter les complications liées à une SARL», explique Erwan Orsel, attaché à la communication. Universitaires, auteurs, traducteurs, la vingtaine de bénévoles vient de fêter sa dix-septième publication. Mais sans profits. Trois ouvrages ont été subventionnés par le Centre national du livre, mais le plus souvent les recettes ne couvrent qu’un tiers du coût d’un tirage à cinq cents exemplaires. «On met la main à la poche, reconnaît Erwan Orsel. On n’a pas de salariés, donc on se répartit les tâches. On milite à notre façon

Grâce à leur engagement, les écrits d’auteurs parfois méconnus, telle Renée Vivien, restent accessibles. Rééditer des classiques de la littérature gay et lesbiennes ou des essais ambitieux sur l’homosexualité est aussi une volonté affichée par la plupart de ces maisons d’édition…

Homo Pierrot t. III sur le site de Handigay

Nous suivons Pierrot depuis le début de son autobiographie (tome 1 et tome 2) : le personnage a fait son nid dans la tête et dans le coeur du lecteur et c’est avec une vraie émotion que l’on ouvre ce qui est déjà l’avant-dernier tome de ce récit. Cette émotion est trop forte pour pouvoir imaginer une impasse sur l’enfance, l’adolescence (auvergnates) et la vie parisienne de Pierre LACROIX : impossible donc d’imaginer ce que ressentirait celui qui embarquerait ici, à Selves où le narrateur fixe sa vie pour se reconstruire après sa rupture avec Erwan.

Est-il raisonnable de raconter un chagrin d’amour qui se transforme en dépression nerveuse sur plus de cent cinquante pages ? Les familiers de l’auteur savent qu’il est plus souvent sujet au spleen et à la mélancolie qu’à un optimisme béat : son esprit analyse avec rigueur et lucidité tous les remous de son âme d’idéaliste amoureux.

À son service, on retrouve cette plume unique qui ralentit toujours aussi voluptueusement le lecteur le plus rapide : comment pratiquer une lecture silencieuse de ce texte alors que chacun des mots a été choisi et écrit pour vibrer de toutes ses sonorités sous la langue et dans les oreilles du lecteur ? C’est le poète en prose auteur de Bleus que l’on retrouve ici plus que le romancier des débuts d’Homo Pierrot : il a même hellénisé (p. 84) en Anaphranyl, l’orthographe du célèbre antidépresseur Anafranil (1) dans une page où l’on trouve la plus belle et la plus poétique description de la dépression nerveuse.

Pierre LACROIX n’est jamais larmoyant. De Proust à Navarre en passant par Cocteau sans oublier Augiéras, il offre aux amoureux de la littérature, à ceux qui ont construit leur différence dans les fragments de leurs semblables dissimulés ou exposés par les plus grands auteurs, un panorama personnel des oeuvres où l’amour des garçons est l’un des éléments essentiels. Il édicte ainsi p. 48 et 49 un principe d’amour de la vie, où le Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain de Ronsard est développé dans un amour de la beauté où le goût des mots et des livres occupe la première place. Sans oublier le cinéma ni la chanson, l’auteur fait ainsi le tour des arts qui, entre mélancolie et énergie de découvrir encore, ont marqué son existence.

Mais nous ne sommes pas en compagnie d’un pur esprit : Pierre a un corps dont il sait si bien décrire le vieillissement – avec de pertinentes réflexions sur les modes relatives au poil masculin ! – ainsi que les pulsions, ici libérées lors de masturbations avec supports divers.

C’est avec un artisanat très particulier que Pierrot commence une nouvelle vie. Seul à Selves, il nous faudra encore attendre quelques mois pour retrouver des plumes et la plume qui vient régulièrement nous offrir des émotions si chamarrées, même lorsque le noir en est la couleur dominante.

(1) qui sauva Philippe Labro, cf son livre Tomber sept fois, se relever huit, Gallimard

Rémi Lange annonce la sortie du Journal d’Omelette (avec dvd)

[http://livres-et-cinema.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/12/20/underground-meme-pas-mort-entretien-avec-remi-lange-et-sophie-blondy]

Dans Cinélivres, Jean-Max Méjean, du Nouvel Obs, autour de la sortie de Partir, dernier film de Rémi Lange, s’entretient du cinéma underground avec le cinéaste qui annonce pour juin 2011 la sortie chez ErosOnyx Éditions de son Journal écrit d’Omelette, à l’origine du film sorti en 1998. Ce Journal sera accompagné du dvd.

Voir aussi sur Google : « Underground même pas mort »

Ci-dessous Jean-Max Méjean

Info Culture Montréal PQ

« J’ai joui ». Voilà l’épitaphe que souhaite avoir Jacques Astruc après sa mort. De là à faire le lien avec SPERME le titre de son ouvrage il n’y a qu’un pas à franchir. Le sperme qui éclabousse. Qui jute. Qui libère. Qui apporte la jouissance. Car ce que Jacques Astruc nous confie sans pudeur ni pruderie c’est son rapport avec le désir, le plaisir et le pénis, celui de jeunes gens et le sperme éjaculant. Pour lui « le sperme est vérité de vie contre la mise à mort du monde », allant même jusqu’à souhaiter une Internationale du sperme.

Ces écrits sont un immense pied-de-nez à tous ces ayatollahs de l’emprisonnement du désir et du plaisir, lorsqu’assouvi. Évidemment que ces ayatollahs se donne les plaisirs qu’ils défendent aux autres mais en dessous de la soutane. Attrait pour des fesses fermes, pour des bites turgescentes, pour des glands gonflés à bloc qui ne souhaitent et n’attendent qu’à être soulagés de la tension réfugiée dans les testicules au bord de l’explosion. La sexualité avec des mecs hétérosexuels qui ainsi « révèlent la femelle cachée dans leur corps de mâle » n’est rien moins que le rêve de vouloir changer le monde, d’empêcher que les corps de jeunes soldats ne viennent joncher les champs de bataille. Mais ce n’est qu’un souhait. Qu’un désir qui ne sera jamais assouvi.

Les Éditions ErosOnyx viennent encore une fois lancer une pierre dans la mare des bien pensant qui depuis des millénaires veulent contrôler le désir chez l’homme. SPERME est un retentissant camouflet aux coquerelles de sacristies, aux hypocrites qui se permettent ce qu’ils proscrivent aux autres. Il n’est qu’une mission sur terre : celle de jouir. Car, « entrer dans le jeu du désir, c’est admettre que l’on est soi ».
Hymne au sperme, par un fin gourmet des spermes du monde entier. Frénésie du jouir jusqu’au requiem du J’ai joui. Le saigner à blanc du plaisir partagé contre la partouze de sang de la guerre. Un « love and peace » revisité, audacieux et sincère.Ode ithyphallique et poétique à savourer par tous les spermophiles insatiables ! Nous dit l’éditeur.
Quel magnifique réquisitoire pour la récupération citoyenne du désir, du plaisir et de l’éjaculation! À lire absolument!

L’AUTEUR

Jacques Astruc est bibliothécaire à Paris. Il a déjà publié Au bord (2004) et Chambranle (2006) chez Sens et Tonka, Après le temps (2006) aux Éditions de Janus, Venin de rose ( 2007) chez Alexipharmaque.

Dans LUI magazine France, Eric Garnier écrit sur « Sperme »

Tel un œnologue qui se délecterait des saveurs multiples du sperme des hommes qu’il a sucés, Astruc emporte son lecteur dans une valse des bites qui nous laisse abasourdis. Son style poétise la beauté de centaines de garçons, d’hommes, qu’à l’approche de la vieillesse il se remémore sans nostalgie. Formidable analyste du désir, l’auteur nous propose, dans ce court essai, à travers ce parcours, une philosophie de vie passionnante et à rebours de la résignation : chapeau !

Une rencontre : le blog d’Annick Le Page

D’abord il convient de souligner le cadre exceptionnel de l’Espace des Blancs-Manteaux dans le Marais dans lequel sont rassemblés quelque 150 éditeurs prêts à vous faire découvrir leurs univers si différents. Différents, quoique… Contrairement à l’ambiance plus littérature généraliste du SIEL, j’ai trouvé dans ce salon une ambiance globalement contestataire, voire anarchiste. La poésie y est également très présente et tout ce petit monde « un peu à la marge » fait notre délice. J’ai aimé m’y immerger et vous étonnerai-je si je vous avoue y avoir fait de belles rencontres.

La première avec Yvan Quintin, des Éditions ErosOnyx Éditions, installées dans le Cantal, qui a eu l’exquise idée de rééditer l’intégralité des poèmes de Renée Vivien. L’ouvrage Poèmes 1901-1910, de 360 pages, préfacé par Nicole G. Albert, invite à une redécouverte d’une œuvre extraite de dix recueils, dont trois posthumes, où se mêlent la quête de l’amour et la nécessité de la création poétique, l’une conditionnée par l’autre. Je vais donc me plonger avec délice dans cette quête mêlée. Merci à Yvan de m’avoir fait découvrir son univers, au travers de textes anciens ou modernes, prose ou poésie. Avec cet éditeur si passionné, nous avons parlé de Virginia Woolf, de Colette et du spectacle qui lui était consacré il y a quelques jours pour sauvegarder sa maison de Saint-Sauveur-en-Puisaye. Nous avons évoqué Camille Claudel et tellement d’autres auteur(e)s. A nos discussions pleines d’entrain s’est joint son voisin de table Jean-Claude Féray, des Éditions Quintes-Feuilles.

Continuant ma visite au milieu des ouvrages à teneur politique, philosophique, sociologique, des beaux livres et guides de voyages, des œuvres de poésie, de théâtre et les chansons révolutionnaires et de résistance, j’ai fait une découverte et une rencontre très riches : découverte de la maison d’édition suisse Pagine d’Arte qui publie des petites monographies et catalogues mariant reproduction d’œuvres et poésies, et rencontre avec sa représentante sur le stand, dont je ne connais malheureusement pas le nom mais j’espère qu’elle se manifestera ici. Nous avons échangé longuement sur l’art, la peinture, l’exposition Monet et finalement le sujet incontournable lorsque je parle d’art et de mes passions, Camille Claudel (et oui encore !). Alors même que, là sur la table, m’attendait une monographie consacrée à cette immense créatrice, préfacée par Reine-Marie Paris et présentant ses œuvres majeures, telles La petite châtelaine, La valse, Les causeuses, L’implorante ou L’âge mur, mises en valeur par des poèmes d’Octave Mirbeau, Louise Labbé et Charles Morice pour ne citer qu’eux. Ce petit volume consacré à l’élève de Rodin, et qui pour moi l’a dépassé en sensualité, est un vrai petit bijou et j’ose à peine l’ouvrir. Je vous invite vraiment à découvrir cette maison d’édition qui propose par ailleurs des collections d’écrits sur l’art auxquels coopèrent Michel Butor ou Yves Bonnefoy et consacrés par exemple à Oskar Kokoschka ou Sonia Delaunay.

Je suis donc ressortie de cet Espace en emportant avec moi Renée Vivien et Camille Claudel… du bonheur mis en pages… et le souvenir de belles rencontres avec des éditeurs passionnés avec lesquels j’aurais plaisir à discuter à nouveau de l’art sous toutes ses formes.

www.annicklepage.com

Des Nouvelles d’Eros, vues du Luxembourg

Deux mille ans d’anti-érotisme chrétien ne sont pas parvenus à bout de l’érotisme. Bien des auteurs pratiquent avec talent cette littérature. ErosOnyx Éditions publie un recueil collectif sous le titre de Des nouvelles d’Éros. Toute mon admiration aux textes de Jean-Michel Fordini, Barbara Y. Flamand, François Mary, Lydie Chérel et Olivier Courthiade. Beaucoup de bonheurs de lecture dans ce recueil.

Jean-Michel KLOPP

POÈMES 1901-1910, Renée VIVIEN, dans « Bleu d’encre », revue belge (Dinant)

POÈMES 1901-1910, Renée VIVIEN

À signaler, la publication d’une œuvre magistrale : Poèmes 1901-1910 de Renée VIVIEN, née Pauline Mary Tarn, préfacés par Nicole G. Albert, en marge du colloque qui lui fut consacré ( NDLR : pour le centenaire de la mort de Renée Vivien, en novembre 2009, à l’ULIP – University of London in Paris ).

Les éditeurs mettent en exergue la qualité de son écriture, contribuant à réhabiliter cette poétesse victime d’ostracisme à son époque. La postface « Violettes for ever » et les notes en appendice retracent sa biographie ( née en 1877, décédée à 32 ans) et permettent de comprendre son surnom de « Muse aux violettes ».

Cet ouvrage conséquent, d’une richesse inépuisable, brasse une pléthore de thèmes : amour, nature, saisons, mythologie, mort…

À découvrir absolument pour tous les amateurs de versification classique et de poésie.