Après l’hommage national à Xavier Jugelé


« Xavier, je t’aime ! »
Ces simples mots n’ont rien d’anodins, et pas du seul fait qu’ils témoignent de l’amour qui unit deux hommes, mais parce qu’ils ont été prononcés dans la cour de la Préfecture de Police de Paris, en présence des forces de l’ordre, de militaires, et des plus hautes instances politiques de la Nation.

C’était le 25 avril 2017, lors de l’hommage rendu par la Nation à un policier abattu en service par un terroriste.

Après l’instauration du mariage pour tous, c’est l’étape la plus décisive dans le processus de réhabilitation des homosexuels, et il n’échappera à personne combien l’éloge funèbre rendu à la victime par son conjoint contribue à rendre son honneur à une composante de la société si iniquement condamnée depuis trop longtemps par la frange la plus haineuse de celle-ci.

Nous, homosexuels, avons une dette de reconnaissance infinie à l’égard de cet homme digne et courageux qui n’a pas hésité à affronter l’opinion publique dans un moment douloureux. La noblesse de son intervention en a imposé à beaucoup, n’en doutons pas, et donné une image extrêmement positive de ce que certains ayant perdu tout sens commun, quoi qu’ils en disent, persistent à présenter comme une perversion.
Et quelle élévation de pensée lorsque l’orateur dépasse sa propre douleur en déclarant qu’au travers du deuil qui l’atteint, il a mieux compris les risques auxquels étaient exposés les collègues et camarades de son ami.

Voilà un message de fraternité et de paix dont notre monde avait grand besoin.
À mon tour de déclarer pour ce que je te dois : « Étienne, je t’aime ! »

Alain STOEFFLER