Dans TELS QUELS (novembre 2009), Les 100 ans de la mort de Renée VIVIEN

Renée Vivien disparaissait il y a tout juste un siècle, le 18 novembre 1909, à l’âge de trente-deux ans. La commémoration du centenaire de sa mort est l’occasion de rendre hommage à une écrivaine dont l’œuvre fut comparée aux plus grandes auteures du début du XXe siècle comme Colette ou la comtesse de Noailles, ses amies, mais surtout dont l’impact sur l’histoire de notre communauté fut décisif.

Helléniste et revendicatrice de son amour des femmes, celle que l’on appellera la « Sappho 1900 », se fit disciple de la dixième muse. Dans un premier temps, elle récoltera les odes et les vers qui ont traversé les siècles et en proposera le recueil et une nouvelle traduction, mais ensuite, celle qui s’était déjà essayée à la poésie (« Études et Préludes », « Cendres et Poussières »), fera revivre, sous sa propre plume, trempée des émotions de la Mytilénienne, la strophe saphique (construite sur 3 vers de 11 pieds et un vers de 5 pieds). Quel plus bel hommage donc que ce « Sapho » publié en 1903 ! Ouvrage qu’elle signe pour la première fois de son prénom entier (jusque là sa signature de R. Vivien rassurait la société machiste de l’époque).

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Autour de ce travail littéraire, elle construit un véritable mythe fondateur de la culture lesbienne, lui donne ses codes, ses symboles, sa couleur aussi, le violet. Et, comme le précise Marie-Jo Bonnet en préface des « Kitharèdes », « On ne dira jamais assez l’importance de la culture quand on se découvre un cœur et un corps aimant à contre-courant ou de manière marginale ». Avec sa compagne Natalie Clifford-Barney, elle tient salon et, à l’image de la poétesse antique, s’entoure de jeunes filles pour leur apprendre l’écriture et la musique, elle voyage en Éolie, à Lesbos, imagine les pèlerinages à Éressos, lieu de naissance de l’idole, part à la découverte des autres poétesses de l’antiquité et les traduit à leur tour. Bien plus, elle agrémente ses ouvrages de notes biographiques et de commentaires aussi précieux pour découvrir qui sont ces femmes, que les traductions elles-mêmes.

C’est avec un profond respect de l’œuvre originale et des notes essentielles sur la vie et le travail de rené Vivien que les éditions ErosOnyx nous proposent une réédition de son œuvres en trois volumes.

TELS QUELS magazine 279, Bruxelles, novembre 2009 (p. 19).