Corydon Citoyen, de Monique Nemer, chez Gallimard

Corydon Citoyen : Essai sur André Gide et l’homosexualité

Il y a un paradoxe Corydon. André Gide estimait qu’il n’avait jamais été plus utile au progrès de l’humanité qu’en écrivant ces dialogues socratiques sur la pédérastie. Mais, à ne considérer que ce texte, se risquerait-on aujourd’hui à accompagner le  » contemporain capital  » dans un tel jugement ? Et pourtant, qui peut nier l’importance de ce geste trop oublié : publier Corydon ? L’essai de Monique Nemer explore la portée et les enjeux de la prise de parole gidienne sur l’homosexualité, non au seul plan de l’histoire littéraire mais à celui, plus large, de l’histoire des mentalités. Quels en furent le contexte, les motivations et les prolongements, publics et privés… et partant, quelle en fut la radicale singularité ? Avec la publication, en 1924, de Corydon et, en 1926, de Si le grain ne meurt, ses Mémoires, Gide fut bien le premier grand écrivain européen à faire ce qu’il est convenu d’appeler désormais son coming out. Ce que n’ont fait ni Wilde ni Proust, ni Cocteau ni Montherlant. Car Gide, lui, a choisi de dire et de se dire, à la première personne. Et de mettre en jeu sa notoriété et son autorité dans ce qui, plutôt qu’un aveu, était l’énoncé d’un fait qu’il voulait indéniable, au revers de toutes les coalitions assujettissant les homosexuels à une triple obligation de mutisme, d’invisibilité et de négation d’eux-mêmes. Pourquoi a-t-on gardé si peu de mémoire de ce combat intellectuel, moral et finalement politique ? Il faut rendre justice à la cause comme à la constance de celui qui la défend : le  » droit de cité  » pour l’homosexualité, et de citoyenneté pour l’homosexuel.

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Le sexe en solitaire, Thomas Laqueur, chez Gallimard

Le sexe en solitaire : Contribution à l’Histoire culturelle de la sexualité

Thomas Laqueur, historien à l’Université, de Berkeley, est notamment l’auteur de La fabrique du sexe. Essai sur le corps et le genre en Occident (Gallimard, 1992).

D’ouvrages en recherches, patiemment, Thomas Laqueur élabore une histoire culturelle de la sexualité, marquée par la disjonction des représentations sociales et morales d’avec les éventuelles découvertes médicales : le discours sur la sexualité, aussi libre qu’un jeu de l’esprit, ignore l’entrave des faits. Le cas de la masturbation vient à nouveau l’illustrer. 1712 : dans les bas-fonds littéraires de Londres, paraît une brochure anonyme. De l’habituel flot d’écrits pornographiques, rien ne la distingue. Sinon son titre, étrange, interminable, dérivé d’un épisode, mineur et interprété à contre-sens, de la Bible : Onanie ou L’odieux péché de pollution de soi-même, et toutes ses effroyables conséquences, considéré chez les deux sexes, accompagné de conseils spirituels et physiques à tous ceux qui se sont déjà blessés par cette abominable pratique. Comment expliquer que ses thèses connaîtront, en moins d’un siècle, un succès mondial, traduites et relayées dans les principales langues, appuyées par les autorités théologiques de toute confession, promues au rang du mal social extrême sous la plume des plus grandes autorités pédagogiques, médicales, puis psychanalytiques ? Il faut suivre Thomas Laqueur dans sa vaste enquête. Il perce d’abord l’identité de l’auteur, John Marten, chirurgien et charlatan. Il montre ensuite que, des Anciens aux Pères de l’Eglise, le plaisir en solitaire était condamné uniquement parce qu’il ne donne pas lieu à enfantement. Ce sont les Lumières qui font de l’onanisme un problème majeur. C’est l’époque où naît l’économie politique, qui pose que la satisfaction des plaisirs individuels, par le jeu du marché, permet à l’égoïsme forcené de chacun de contribuer au bien-être de tous et d’œuvrer, par sa limitation, à l’émergence de la société. Or, de tous les plaisirs, le solitaire est le seul à ne connaître ni limite ni satisfaction sociale contribuant à l’enrichissement de tous. C’est aussi le temps du Contrat social, de la citoyenneté naissante, du rapport de l’individu à la société par les droits et les devoirs. Or la masturbation isole l’individu de toute socialisation, dans les fantaisies galopantes d’une imagination qui échappe à la logique politique. L’Occident va donc faire de cette pratique une menace majeure pour l’ère de l’individu. Quitte à ce que, lorsque reflue la terreur de l’onanisme, celui-ci devienne chez certains contemporains la forme suprême et revendiquée du plaisir.

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Alexis, Alexia…, de Achmy Halley, Livre de Poche Jeunesse

Alexis, Alexia… : Comme un baiser fait à la nuit

Alexis, un adolescent solitaire de 16 ans, répond à une annonce envoyée par un détenu qui cherche une correspondante pour briser son isolement. Mais Alexis envoie sa réponse en signant Alexia et se forge progressivement un double féminin auquel il s’identifie.

A 16 ans, Alexis rêve d’évasion. Par jeu, il devient Alexia, personnage imaginaire auquel il finit par s’identifier au fil de sa correspondance avec Yvan, un détenu dont il ignore tout. Mais que désire-t-il vraiment en se glissant dans la peau de cette jeune femme ?