PAULINE PARIS AU PAYS DE COLETTE

« J’étais ravie de passer cette soirée hors du temps (…) la semaine dernière. Je redescends petit à petit, au gré du vent, de mon nuage… » nous a écrit, ce 21 juillet, Pauline Paris qui a donné un récital à Saint-Sauveur-en Puisaye, en Bourgogne, au pays de Colette le 15 juillet dernier, dans le cadre du » Festival de Saint-Sauveur-en-Puisaye : un été chez Colette » qui se rient chaque année de fin juin à fin août . Organisé par l’Association des Amis de Colette, ce récital a eu lieu en plein air, sur le pâtis du château qui abrite le Musée Colette. En plein air et en soirée, avec le soleil couchant pour magnifique projecteur. Il dardait ses rayons à travers le feuillage d’un immense et vieux noyer sous lequel se tenait l’assistance. Et roucoulaient, entre deux chansons, les colombes du donjon envoyées par Aphrodite.

Rappelons que Pauline Paris a d’abord monté un spectacle musical et théâtral, « Vivien 21 », autour de Renée Vivien. Deux des photos ci-dessous ont été prises au Bouillon Julien, brasserie sise rue du Faubourg Saint-Denis à Paris Elle y est Comme sur ces photos, elle accompagnée de Duncan Roberts (à droite) et Rafaël Leroy (à gauche), entrecoupant ses chansons d’épisodes de son histoire personnelle, « pour finir par ne faire plus qu’une avec elle. » . Quant à la première photo, il s’agit de Renée Vivien elle-même qui aimait se travestir, dans le cas présent en « incroyable » dont notre Pauline reprend le couvre-chef, le jabot et la redingote en de récital.
Qu’a-t-elle chanté au fait ce soir du 15 juillet ? Les Treize poèmes de Renée Vivien qu’elle a, sur les conseils d’Hélène Hazera, mis en musique et publiés chez ErosOnyx éditions dans un livre-CD, via l’entremise de la viviénienne Nicole G. Albert qui, restée sous le charme d’un récital de Pauline Paris à la librairie Violette & Co, souhaitait que reste une trace de cet enchantement. Douze poèmes de René Vivien auquel il faut ajouter un fragment de Sappho, devenu « Prolonge la nuit » , que Vivien a elle-même traduit et adapté du grec ancien. Bien sûr, on pourra penser à la chanson de Johnny Halliday « Retiens la nuit » ( paroles de Charles Aznavour, musique de Georges Garvarentz), mais si cette chanson ne manque pas de charme et d’émotion, le poème de Sappho-Vivien, mis en musique et chanté par Pauline Paris, est… saphiquement différent. Notons aussi dans ce recueil, comme sur scène, le poème « The Fjord Undine », écrit et publié en anglais par Renée Vivien, dans un autre ouvrage, The One Black Swan /Le cygne noir (également disponible aux mêmes éditions). N’oublions pas que Vivien était anglaise de naissance et s’appelait Pauline Tarn (tiens ! Pauline comme notre artiste !). Ce n’est pas Pauline qui cette fois l’a chanté, mais il a été superbement dit, en anglais donc, par Duncan Roberts, l’un de ses deux musiciens (basse, guitares, percussions), avec Raphaël Leroy au yeux pers, guitariste et bassiste, tous les deux au mieux de leur talent.

Superbe soirée que Colette, auteure de belles pages sur Renée Vivien dans Le pur et l’impur, n’a pu qu’aimer, où qu’elle soit, comme les spectateurs étonnés d’abord, puis vite ravis, comme enchantés. Renée Vivien, pour garder ses amantes, disait à Aphrodite « Prolonge la nuit ». Pauline Paris, elle, l’a chanté à son public, comme pour le retenir.

Crédit Pauline Paris 2022