Gustave de Xavier Bezard dans le JOURNAL DU CENTRE

Professeur d’arts appliqués au lycée professionnel, Xavier Bezard est un passionné d’art, de l’histoire de l’art et amoureux de la langue française. Il vient de publier son premier ouvrage Gustave, « une biographie fantasmée », dit-il, du peintre Gustave Caillebotte (1848-1894), auteur des célèbres Raboteurs de parquet du Musée d’Orsay à Paris. Un tableau qui, à l’époque, a fait grand bruit (*).

Si Gustave Caillebotte est peu connu à l’époque, c’est parce que « la peinture impressionniste était considérée comme vulgaire et mal peinte », confie-t-il.
Une vie privée pleine d’ombres

Le roman Gustave n’est pas une biographie exhaustive, d’autant que sa vie privée est pleine d’ombres. C’est sur ce mystère que s’appuie l’auteur avec l’objectif, non de percer des secrets, mais plutôt de laisser-aller son imagination, d’après les émotions ressenties par sa peinture.

À l’inverse de Degas, fasciné par les danseuses d’opéra en tutu, Caillebotte a privilégié le masculin, le bourgeois, l’homme du peuple, l’ouvrier au travail. « Il peint les hommes de manière troublante. Sa peinture est chargée de sensualité masculine. » Le professeur a été attiré par ce personnage, car « c’est un être compliqué, riche mais humble, soucieux des autres. Provocateur mais discret, il ne s’est jamais affiché comme homosexuel. Aucun de ses tableaux ne figurait dans le legs qu’il a fait à l’État ».
C’est avant tout une histoire d’amour

« Ces raboteurs de parquet, ces hommes en train de ramer, de plonger ou sortant du bain, dégagent une troublante sensualité, comme si le peintre avait instillé du bout de son pinceau, le désir qu’il ressentait pour ses sujets. »

Gustave, c’est avant tout l’histoire d’amour d’un narrateur imaginé par l’auteur et de Gustave Caillebotte. En toile de fond, les grandes périodes de la vie de l’artiste. Son implication dans le mouvement impressionniste, sa désaffection de la peinture ses passions, sa rencontre avec Charlotte. À cette vie en perpétuel mouvement, Xavier Bezard a imaginé un amant comme point d’ancrage, duquel on est invité à partager les doutes, les souffrances et les exaltations.

L’ouvrage a demandé plus de quatre ans de travail. Il vient de sortir aux Éditions ErosOnyx, une maison du Cantal, dirigée par deux professeurs de français, « qui m’ont demandé un énorme effort sur la langue ».

(*) Ami d’Auguste Renoir, cet artiste, très généreux, a porté la mouvance impressionniste, il a aidé ses collègues et s’est constitué une impressionnante collection qu’il léguera à l’État. Après une querelle avec Degas, il se tourne vers le yachting et se met à construire des bateaux innovants sur lesquels il remporte de nombreux trophées.

Jean-Bernard Pardieu