Au clair de…, roman de Pierre-François Lacroix, chroniqué par Luc-André Sagne, dans LA CAUSE LITTÉRAIRE, Revue en ligne (mars 2024)

Au clair de…, qui ne se présente ni comme un roman ni comme un récit, ne semble pas davantage être une autobiographie ou une autofiction, même si par certains côtés il peut s’en rapprocher. D’abord présenté à la troisième personne du singulier, donc avec la distanciation que cela implique, Pierrot, figure centrale du texte, prend progressivement la parole à la première personne, comme si le narrateur s’effaçait et venait à se confondre avec lui. Mais au-delà de la question de son statut et du genre auquel le rattacher, le livre est avant tout, de façon plus profonde, plus intense, un immense chant d’amour. Et un manifeste.

Un chant d’amour, en référence bien sûr au film de Jean Genet, qui porte ici sur deux amours consécutifs dont le premier, primordial, originel, court tout au long des pages, de la première à la dernière : l’amour de la mère, trop tôt disparue. Pour Pierrot c’est une coupure fondamentale, sa vie tranchée en deux par ce manque soudain, cette absence cruelle et définitive d’un amour maternel si fort, et si fortement ressenti par lui, qui vient ainsi s’interrompre brutalement.

Mais ce legs de souffrance, qui ne cessera plus de faire sentir ses effets tout au long de son existence, se double pour lui d’un legs de vie que la mère transmet aussi, dans les derniers mots qu’elle prononce à l’intention de son fils et qui va lui servir de viatique : « Vis comme tu es né, vis comme tu es (…), vis ce que tu as à vivre, vis ta vie ». La confiance qu’exprime ainsi la mère envers son fils, la reconnaissance de sa liberté d’être lui, ouvre alors le chemin vers l’autre amour, le second amour de sa vie, continuité du premier comme s’il s’agissait de prendre le relais, de poursuivre sous une autre forme la même quête de l’origine, du bonheur perdu des premières années. Car cet amour de Pierrot pour un autre homme, amour exclusif, absolu, n’est-ce pas aussi « attendre de lui qu’il ait des gestes de mère » ?

Dans l’itinéraire du garçon que rien ne prédisposait à un tel avenir, une institution va jouer un rôle clef : l’école. Elle va en effet se révéler doublement émancipatrice, à la fois par l’ouverture à la culture qu’elle permet, notamment littéraire, grecque, latine et française, et par la rencontre qu’elle provoque avec un professeur de lettres atypique et fascinant, Erwan.

Aux yeux du jeune paysan, dont la famille, ses us et coutumes, son ancrage sur une terre que l’on peut deviner être celle de Haute-Auvergne, sont tendrement décrits, avec un luxe de détails pris sur le vif, dans les soixante-dix premières pages du livre (c’est l’époque de « Pierrounel »), l’école, c’est la découverte d’un monde inconnu, d’un univers riche d’auteurs et de pensées, c’est une libération, un éblouissement. Et ce n’est sans doute pas un hasard si c’est à l’école que se produit le choc amoureux pour un homme d’abord auréolé du prestige de la connaissance, la vraie, celle qui, par-delà les académismes et les convenances, en fait une question essentielle, un enjeu vital et non pas un instrument de pouvoir et de compétition. L’école, temple du savoir, temple de l’amour.

Au clair de…, c’est au fond l’histoire, partie du nid maternel détruit et à jamais regretté, d’une passion entre deux hommes, librement vécue dans la différence des itinéraires et des âges, et qui va les mener jusqu’au bout d’eux-mêmes. Partis ensemble à Paris que Pierrot découvre à dix-sept ans, leur vie de couple se dégrade au fil du temps, entre affrontements et réconciliations, jusqu’à devenir insupportable et déboucher sur une rupture violente. Vivant alors séparément, Erwan dans la frénésie des rencontres et des voyages, Pierrot revenu sur sa terre et, malgré « le filet des présences, des rites et des paysages » retrouvés, devant surmonter une dépression, la période apparaît, au-delà des souffrances de chacun, comme une longue respiration où reprendre son souffle et trouver ses marques. Avec le retour inespéré d’Erwan s’ouvre la dernière saison de cette union, mûrie de toute l’expérience de la vie et qu’une mort consentie à deux, le plus jeune ne pouvant survivre au plus âgé, vient couronner.

Itinéraire amoureux sans concession, leur histoire intime recoupe celle d’une génération, celle de Pierrot, partie des dangers d’appartenir à une minorité réprouvée (le coup de poing reçu au bal du village), à ses combats, décuplés par l’épidémie de sida (qui épargne les deux hommes), pour une visibilité et une reconnaissance des droits, et débouchant sur le Pacs puis le mariage. Car le chant amoureux se double d’un manifeste. Pour la liberté, une liberté de vie au-delà des revendications légitimes. Dans une langue qui mêle hardiment les images les plus poétiques aux plus crues, nourrie de multiples références non seulement à la culture livresque qui a tant fait pour l’éveil de Pierrot, avec des figures tutélaires comme celle de Colette, mais aussi au cinéma et à la chanson, la profession de foi pour une vie authentiquement libre se fait en effet au fil des pages plus vibrante et entière. Elle se veut avant tout dépassement, dépassement des limites conventionnelles qui viennent brider les corps et les esprits, dépassement des genres. Elle en appelle à « l’acceptation de tous les désirs du corps » mais aussi au décloisonnement des sexes, masculin et féminin, au nom « des deux sexes que nous portons en nous ». Les perpétuelles oppositions entre sexe et amour, corps et esprit, n’ont pas plus lieu d’être parce qu’il s’agit tout simplement de « fouiller la chair de l’âme » et de retrouver à travers l’être aimé l’unité originelle.

C’est l’enseignement ultime que nous livre ainsi la vie de Pierrot, une vie arrachée à la fatalité d’un destin par l’accession à la culture et à la liberté d’aimer, un déracinement qui est un nouvel enracinement à la lumière aveuglante d’un amour fou.

Luc-André Sagne

Pierre-François Lacroix dirige avec Yvan Quintin les éditions ErosOnyx, créées en 2007, et qui ont pour ambition de traiter des « sexualités d’aujourd’hui, d’hier et de demain », à travers des textes où Éros, « désir et plaisir d’aimer », va parfois jusqu’à se lier à Thanatos. Au clair de… reprend en un seul volume l’intégrale remaniée des quatre tomes précédemment parus sous le titre Homo Pierrot.

Renée VIVIEN, Poèmes 1901-1910 (en format poche)

Devant le succès de ce titre publié en grand format en 2009, EO en sort une version poche en mai 2024. Renée Vivien (1877-1909), au fil des ans, intéresse un public de plus en plus large qui souhaite disposer, à un prix abordable, de la quasi-totalité de son oeuvre poétique.

Cette édition reprend la préface de Nicole G. Albert, spécialiste de la littérature fin-de-siècle, dont voici la première phrase : « De toutes les figures iconiques que nous a laissées la littérature dite décadente, Renée Vivien est sans doute la plus atypique, dans la mesure où ses vers mêlent ouvertement, à la première personne, poésie et saphisme ».

Vivien est en effet la première poète à avoir été libérée par sa lecture de l’antique Sappho et à avoir chanté son lesbianisme sur toute la gamme d’Éros et de Thanatos. Colette, à son sujet, écrit en 1932 : « L’œuvre de Renée habite une région de tristesse élevée, où les amies rêvent et pleurent autant qu’elles s’y enlacent » (Ces Plaisirs… devenu en 1943 Le Pur et l’Impur).

Nous irons voir le clair d’étoiles sur les monts…

Que nous importe, à nous, le jugement des hommes ?

Et qu’avons-nous à redouter, puisque nous sommes

Pures devant la vie, et que nous nous aimons ?…

A l’Heure des mains jointes (1906)

Collection Poche Classiques

Format 12 X 19, avec rabats

364 pages

ISBN : 978-2-918444-62-6

15 €

à paraître le 7 mai 2024

Philippe VALLOIS, Ma cinéthérapie (avec le DVD du film DISSIDENCE)

A PARAÎTRE EN MARS 2024

Né en 1948, Philippe Vallois est un cinéaste singulier.

 Sa vie est un roman vitaliste et son œuvre un labyrinthe.

Après des films sortis en salle, dont certains sont devenus des icônes de l’underground homo comme Johan (1976) et Nous étions un seul homme (1979), après des créations pour la télévision comme le portrait-nébuleuse de l’artiste Huguette Spengler (1984), Vallois n’a jamais cessé de croire en sa bonne étoile de cinémagicien. L’évolution des techniques du cinéma lui a permis, en solitaire quasiment, de faire avec une caméra ce qu’un écrivain fait avec sa plume. Se sont succédé, en DVD et en festival, pour n’en citer que quelques-uns, des films comme Un parfum nommé Saïd (2003), Sexus Dei (2006), L’Adieu à Moustafa (2018), Les Guerres de Christine S. (2022) et des rétrospectives en France et à l’étranger.

                Un Prix Philippe Vallois a été créé et décerné au Festival queer Écrans Mixtes de Lyon, en mars 2023, récompensant un film de la programmation pour son audace et sa liberté.

                Dans La Passion selon Vallois, consacré aux quarante premières années de la vie de Philippe Vallois, paru chez EO en 2013, Ivan Mitifiot évoquait sa « caméra soleil ». Dans ce tome II consacré aux souvenirs de sa « décennie morbide » du sida (1987-1997), la caméra devient « cinéthérapie ».

                Le livre est ici accompagné du DVD du film Dissidence, créé durant le confinement à partir de scènes tournées dans les années 90 et d’interviews avec le professeur Jean-Marie Andrieu, franc-tireur de la recherche contre le sida.

Livre et film se font ainsi écho : dissidences sexuelle, médicale et artistique et kaléidoscope en mémoire de Jean, compagnon corps à cœur et âme frère.

ISBN : 978-2-918444-61-9

Collection Images

Format 14 X 19, avec rabats, DVD glissé sous le rabat 2

Prix : 25 €

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Bruno REIDAL, Onze Cahiers de confession (dans leur texte intégral) – à paraître l’automne 2023 –

Le film choc, sorti au printemps 2022, de Vincent Le Port sur Bruno Reidal, fils de paysans du Cantal, à Raulhac, et meurtrier à 17 ans d’un voisin de 13 ans, le premier septembre 1905, après une année de scolarité brillante au Petit Séminaire de Saint-Flour, a donné envie aux éditeurs d’ErosOnyx d’en savoir davantage sur ce que le metteur en scène appelle, dans ses interviews, les « Mémoires » ou les « Carnets » de Bruno Reidal.

Longtemps travaillés par Vincent Le Port de 2012 à 2017, ils sont la trame même d’un film qui part de leur authenticité et de leur puissance littéraire – le metteur en scène emploie cet adjectif à leur sujet – pour bâtir son scénario, ses dialogues et voix off.

Ces Onze Cahiers recopiés par les médecins légistes à partir des cahiers originaux de Bruno Reidal et, pour deux d’entre eux, de la plume même de Reidal, sont déposés à la Bibliothèque municipale de Lyon qui, après les avoir scannés et adressés aux éditeurs d’ErosOnyx, en a autorisé la publication intégrale. Celle-ci se fera l’automne 2023, avec une préface et une postface des éditeurs, pour les éclairer sans prétendre, bien sûr, élucider le mystère d’une compulsion exorbitante où sang et sperme en viennent à se confondre dans l’imaginaire et la conscience du jeune Bruno Reidal. Comment ne pas évoquer – à voir le film et remonter aux Onze Cahiers qui l’ont inspiré – le tabou d’une « homosensualité » invivable dans son milieu et son époque, pour reprendre la délicatesse du mot d’Yves Navarre ?

Ce sera là une publication originale

En effet, le dossier médico-légal de l’affaire Reidal fut rédigé par le Docteur Lacassagne qui en a mené l’expertise à Lyon en 1906, avec deux aliénistes. Il est déjà connu pour avoir en 1897 conduit l’expertise du cas terrible du serial killer Joseph Vacher, auquel Bertrand Tavernier consacrera, en 1976, son film mémorable Le juge et l’assassin. Ce même Docteur a eu l’idée pionnière de demander à Jean-Marie Bladier (alias Bruno Reidal) de se confier au papier et à l’encre pour tenter de remonter aux racines de son acte. Le dossier Reidal/Bladier du Docteur Lacassagne cite donc de nombreux extraits de ces Onze Cahiers.

C’est également ce que fait l’historien Philippe Artières, célèbre chercheur des « vies coupables » et des traces écrites autobiographiques qu’elles ont laissées, dans un livre consacré à Bruno Reidal : Un séminariste assassin, L’affaire Bladier, 1905, paru aux CNRS ÉDITIONS en 2019.

Mais jamais n’ont paru dans leur intégralité ces Onze Cahiers d’une confession aussi dérangeante, émouvante, que tragique.

Ils méritent une publication qui les déjudiciarise et les démédicalise à la fois. Ils nous laissent béants, effarés de terreur et de pitié pour celui qui, considéré comme « sadique sanguinaire congénital », ne fut pas jugé et mourut à trente ans à l’asile d’Aurillac en 1918.

Préface d’Yvan Quintin

Postface de Pierre Lacroix : Le sang, le sperme et l’encre

ISBN : 978-2-918444-60-2

Volume 19 x 14 cms

202 pages

Prix : 15 €

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SÉBASTIEN LANZ, L’Homme seul, théâtre

Maria a lâché Pilo et Pilo est perdu. Les SDF sont des migrants à leur façon. Ils veulent vivre. Leurs mots, comme leurs larmes, ne sont pas encore taris. Ils tentent de passer de l’enfer à l’espoir. Ils sont prêts à l’enfer pour un tout petit bout d’espoir.
Descendre dans le chaos d’un écorché vif que la vie a jeté sur les routes et dans les villes. Pilo a encore la salive de mettre sa vie en mots. Il veut sortir de la spirale de la mort, sauver sa vie, y mettre un peu de poésie.
Sébastien Lanz, dans ce monologue de théâtre, recueille cet homme seul, avec toute la saveur du parler brut de Pilo. À vrai dire, comment savoir, dans ce texte poignant, ce qui est de Pilo et ce qui est du dramaturge ? C’est là le tour de force. Est-on au théâtre ou dans la rue ? On écoute le malheur nous fendre le cœur, nous rendre moins durs.

Avant, quand je regardais Maria toute nue, allongée, je voyais ses deux portes de chair, si fragiles, minuscules, gigantesques, qui pouvaient me contenir tout entier. Je les ouvrais délicatement, du mieux que je pouvais. J’espaçais un continent avec un autre, je ne me suis jamais senti aussi intelligent. Maria, ses portes qui m’enveloppaient complètement. Je me sentais aussi très très con, très peu sensible à comparer de tes portes. Maria, j’ai tellement manqué de toi.

PARU EN MARS 2023

Collection POCHE ÉOLIENS

format 12 x 19, 52 pages , 9,00 €

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Sébastien LANZ est auteur dramatique, metteur en scène et musicien. Il est né en 1973 à Paris. La compagnie LA VIE MODERNE joue ses spectacles en France et à l’étranger.

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Voici le lien vers le site de la compagnie :

https://laviemoderne.org

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FRANÇOIS MARY, Sans Manu, tombeau pour un jeune amant

« Sans Manu » est un recueil de prose éclatée et déchirante pour dire le souvenir d’un jeune amant mort à trente ans. Douleur et désir de lui dresser un tombeau. François Mary est, à sa façon, un empereur Hadrien mais un Hadrien rustique d’aujourd’hui qui pleure son Antinoüs, mort jeune aussi, son Manu des montagnes.

Pourquoi reste-t-on en vie après la mort de l’autre, l’autre qu’on attendait et qui nous attendait ?

Ses chaussettes gardent la forme de ses pieds, son tee-shirt distendu à l’encolure conserve le volume de son torse. Comme si les vêtements restaient dans l’attente du corps qui ne viendra pas.

François MARY est né en 1950, en Auvergne qu’il n’a jamais quittée. Il vit là-haut, à Riom-ès-Montagnes, au pied du Puy Mary dans le Cantal où l’hiver dure six mois.

Un volume de format 14 x 19, 106 pages

Collection Éoliens

Couverture de Jean-Pierre THOMAS pour le dessin et d’Élisa FRANTZ pour le graphisme

ISBN : 978-2-918444-58-9

14,50 €

à paraître en janvier 2023

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TAKAHASHI MUTSUO, Amant ô mon viril amant

L’écrivain, traducteur et critique, René de Ceccatty, a judicieusement orienté vers ErosOnyx éditions Bruno SMOLARZ, traducteur du présent recueil. Ce dernier a eu l’heureuse idée de demander à TAKAHASHI lui- même une anthologie autour d’Éros.

Takahashi a puisé dans six recueils les poèmes que l’on trouvera dans Amant ô mon viril amant, empruntés à Mino mon taureau (1959), Rosier – Les faux amants (1964), Le sommeil la faute la chute… (1965), Moi (1975), Hier encore (2018) et deux poèmes parus en revue après la catastrophe de Fukushima.

Mutsuo TAKAHASHI est né en 1937, à Kyūshū, la plus méridionale des quatre grandes îles de l’archipel japonais. Auteur d’une œuvre littéraire abondante et variée, d’inspiration traditionnelle (poésie classique, théâtre), mais aussi contemporaine. Il est reconnu et traduit depuis longtemps dans les pays anglo- saxons. Le présent recueil permettra au public français de mieux le découvrir, après la parution en 2020, aux Presses Sorbonne nouvelle, d’une anthologie intitulée Printemps florentin, du même traducteur, Bruno SMOLARZ.

Jeune encore, l’auteur s’est fait remarquer en publiant Mino mon taureau, au ton résolument personnel et, avant ses trente ans, par Yukio MISHIMA (1925-1970) lui-même, pour Rosier – Les faux amants (1964). Les « faux amants » ne sont pas des amants comme on en trouve d’ordinaire dans la poésie. Pour TAKAHASHI, la sexualité, y compris homosexuelle, est une chose naturelle dont l’existence ne doit pas faire partie des choses cachées. Le poète met à profit sa différence assumée pour aller au-delà d’une simple transgression. Sa poésie est lyrique, farouche et même effusion de sang.

« je ne veux que ça

un protège-sexe serré un phallus à la forte odeur

rien d’autre

je ne veux que ça

une nuit d’interrogatoires d’hérétiques senteur de sperme et de sang caillé

rien d’autre »

Le moi y éclate en un jaillissement d’images fantastiques et sensuelles, nourri de la tradition japonaise, mais aussi de la tradition grecque antique et de références bibliques, puisque, jeune encore, il s’est converti au christianisme.

TAKAHASHI a été nommé membre de l’Académie des Beaux-arts du Japon et, en juin 2018, a publié un recueil de 150 poésies nouvelles pour saluer son entrée dans le vieil âge. Il a reçu de nombreux prix dont le Prix Yomiuri et le Prix Takami.

Un volume de format italien 14 x 19

Couverture d’Élisa FRANTZ

104 pages, prix : 14,50 €

Parution : novembre 2022

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Le livre paraitra au format dit « à l’italienne », en 19 x 14 en novembre 2022.

ISBN 978-2-918444-57-2

14,50 €

YANNIS RITSOS, Erotika

Dans ce recueil, publié en 1981 à Athènes, le poète dépasse les culpabilités d’une religiosité frileuse et craintive. L’amour n’est plus un péché. Résistance à toute oppression et épanouissement intime trouvent à s’ accorder.

L’AUTEUR : Yannis Ritsos, né le 1er mai 1909 à Monemvassia (Péloponnèse) dans une famille de propriétaires terriens, a très tôt connu les épreuves : familiales, de santé puisque jeune homme il passa quatre ans en sanatorium pour soigner une tuberculose, et surtout épreuves politiques. Résistant contre la dictature dès 1936, il s’engagera ensuite dans la lutte contre la droite fasciste au cours de la douloureuse guerre civile qui dure jusqu’en 1949. La détention en camp de « rééducation », puis la résistance à nouveau, au régime des colonels cette fois (1967-1974), la déportation encore, l’assignation à résidence, ne l’empêcheront cependant jamais d’écrire. Son œuvre abondante fait de lui un grand poète national. Il meurt à Athènes le 12 novembre 1990.


Et les mots aussi


sont des veines


en eux


coule le sang


quand s’unissent les mots

la peau du papier

s’enflamme rouge

comme

au moment de l’amour

la peau de l’homme

et de la femme.

Extraits « EROTIKA »

Le poème
ah le poème – disait-il –
un accouplement perpétuel ponctuation néant
point aucun
exhalaison de la terre
fumier et fleurs du citronnier et sperme
la pioche et la pelle
sur le marbre
labeur double
ne dis plus rien
l’amour est un.

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À paraître en octobre 2022, réédition poche (format 12 x 19) du recueil publié en format broché en 2009.

Prix : 9, 00 €

ISBN 978-2-918444-56-5

CHRISTA WINSLOE, Jeunes filles en uniforme

Jeunes filles en uniforme (Hier et aujourd’hui)

avec le DVD du film de Leontine Sagan (1931)

Livre paru le 10 juin 2022 dans la Collection Images (livre -DVD)


Le livre comprend une traduction française, modernisée, de la pièce de Christa Winsloe, Gestern und Heute (Hier et aujourd’hui), jouée à Berlin en 1930 et représentée à Paris dès 1932 sous le titre Demoiselles en uniforme. Il est accompagné du DVD du film de Leontine Sagan, Mädchen in Uniform ( Jeunes filles en uniforme ), tiré de la pièce allemande, sorti en 1931 en Allemagne et l’année suivante en France, en VO avec des sous-titres… de Colette. Sans doute le premier film lesbien de l’histoire du cinéma, avec une distribution exclusivement féminine. La publication du DVD, en accompagnement du livre, est une première en France, avec l’accord des ayants-droit de l’œuvre de Colette.

Le livre propose une préface de l’éditeur pour cette pièce de théâtre qui mêle amours lesbiennes et critique féministe de la société patriarcale de l’époque, sous la République de Weimar. Inspirée d’une histoire vraie, la pièce fut saluée par un grand succès critique et populaire. Winsloe écrira en 1933 un roman qui embrasse tout la vie de l’héroïne de la pièce et du film, Manuela von Meinhardis. Le film fera l’objet d’un remake allemand en 1958, avec Romy Schneider et Lily Palmer dans les rôles principaux. La pièce, le film et le roman illustrent le talent de Christa Winsloe, femme de lettres ouvertement lesbienne et sculptrice, qui laisse une œuvre variée et remarquable presque entièrement tombée dans l’oubli.

Le livre évoque la personnalité de cette écrivaine (née en 1888), sa trajectoire vagabonde et sa fin tragique le 10 août 1944, dans une France où un couple de femmes, l’une allemande et l’autre suisse, peuvent tomber comme espionnes présumées sous les balles de prétendus résistants, dans la spirale de terreur des fins de guerre dans les deux camps.

Le travail de recherche, du côté des sources germaniques et de la biographie de Christa Winsloe, est mené conjointement avec Kai Stefan Fritsch et Bernard Banoun.


Un volume de 14 x 19 cm, avec DVD (édité en accord avec Beta Film GmbH) du film inséré sous le rabat 2.

Graphisme et sous-titrage de la galette DVD réalisés par Philippe Vallois

ISBN : 978-2-918444-55-8

ISSN : 2260-3603

Prix : 25,00 €

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FERNANDO PESSOA, Antinoüs

À paraître en mars 2022

Fernando Pessoa (1888-1935), »Antinoüs », poème traduit ici en alexandrins par Yvan Quintin.
Antinoüs » est un long lamento sur la mort de ce bel éphèbe, amant de l’empereur romain Hadrien (I-II° s. après J. C.). Leur amour inspira aussi Marguerite Yourcenar dans « Mémoires d’Hadrien ».
La traduction est suivie d’une étude approfondie sur le poète et son oeuvre par un spécialiste de Pessoa, Anibal Frias.

  

Il était un chaton dans le jeu du plaisir,                                             

De son plaisir à lui, et celui d’Hadrien,                                              

De tous deux quelquefois, étreints ou séparés ;                                 

L’observant de côté, comme s’il se méfiait,                                       

Bondissant sur le plaisir comme à l’improviste ;                                

L’empoignant doucement, puis avec frénésie,                                               

Tantôt tout enjoué, ou sérieux, ou couché                                        

Aux côtés du plaisir, sur le qui-vive, épiant                                        

La façon d’en jouir, tout en le réfrénant.    

(Vers 132-141)

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ISBN 978-2-918444-54-1

88 pages

Format 14 x 19

14, 00 €