Philippe Vallois, NOUS ETIONS UN SEUL HOMME (1979) et SEXUS DEI (2006)

Oui, qu’est-ce qui fait vivre la caméra de Philippe Vallois ? Le mystère de l’amour depuis son adolescence dans les Landes.

Le parcours du combattant de ceux qui aiment à contre courant. Ceux qui sentent que ni la nature ni Dieu ne maudissent l’amour fou et sexué entre deux hommes. Seule l’étroitesse des préjugés fait de l’épanouissement de soi une quête douloureuse et ravie en même temps.

Philippe Vallois proche des exilés, des solitaires, des mis à l’écart. Il leur offre des poèmes en images où le sexe les révèle à eux-mêmes.

Nous étions un seul homme est un mélo farouche où un jeune soldat de la Wehrmacht laissé pour mort par les siens et un garçon vivant en sauvage dans une masure perdue dans les forêts et fougères des Landes vont, pas à pas, ne devenir qu’un, peau à peau, corps à cœur, poils et sang.

Sexus Dei , après les épreuves du sida et du deuil d’un compagnon vécus comme les horreurs d’une guerre pour le cerveau et pour le corps, est le récit d’une résurrection. La rencontre d’un ermite christique et nu sous le soleil rend à Vallois, devenu personnage de son film, la soif d’aimer, le désir chaud, la révélation de soi par le sexe. La beauté du monde et d’une rencontre loin des sentiers battus rend la clef de ce qui fait vivre, bander, filmer.

Les films de Philippe Vallois sont d’oniriques autobiographies. Sexus Dei est disponible depuis janvier 2013 sous l’un des rabats de l’autobiographie parue chez ErosOnyx : La Passion selon Vallois, Le cinéaste qui aimait les hommes. Le livre comporte aussi sous l’autre rabat le premier long-métrage de Vallois Les Phalènes qui était inédit jusqu’alors en DVD.

Et si EO publiait en mars 2016 une étude de « Nous étions un seul homme« , avec le DVD du film, comme c’est l’habitude dans sa « collection Images » ? Pour cette occasion, sortira une édition spéciale du DVD du film avec des interviews de François About, photographe du film, des acteurs, et bien d’autres surprises… Et si l’analyse du film était menée par celui qui écrivit en 2007 dans L’homosexualité au cinéma : « Frémissant, poétique, tendre, lumineux et terrible, Nous étions un seul homme est aussi, au-delà de maladresses dues à des moyens dérisoires, incroyablement attachant. » ? Guess who ?

Bisou au bijou Marie France

Marie France, c’est l’esprit de parfum de la chanson française.

Quand on l’a vue la première fois dans Barocco, le film de Téchiné sorti en 1976, elle marchait et chantait le long d’une piscine dans un cabaret-restaurant entre Amsterdam et Hollywood. Elle mêlait déjà le scintillement de sa robe fourreau au scalpel de paroles terribles sur le jeu de miroirs des faux-semblants de l’amour : « je me vois me voir … tu me vois me voir … je m’aime … je me vois te voir … tu te vois te voir … tu t’aimes … on se voit se voir et se voir c’est savoir qu’on s’aime… » C’était chic, chaud et froid, triste et beau à en pleurer, comme Isabelle Adjani le faisait d’ailleurs !

Depuis, elle n’a pas cessé de troubler en douce un public de fidèles enamouré(e)s à qui elle donne, de temps en temps, un rendez-vous d’amour dans une salle intime ou sur les plages d’un disque confidentiel.

Marie France se déguste avec les yeux, comme les chromos de Pierre et Gilles qui ont su croquer ses facettes de sphinge. Marie France se savoure avec les tympans, et quel empan ! Elle sait marier la chanson à texte et la chanson haute-couture, la cavalcade de saloon et le murmure sucré, le rock et la ballade, le coquin hyper sexe et le mélo du blues. Elle fut Marilyn à l’Alcazar dans les eighties et tout récemment Bardot aux Trois Baudets retrouvés. Chaque fois, on n’est pas au musée Grévin, c’est l’esprit de parfum de ces femmes qu’elle réveille. Et cette étoile de chair ne craint pas de descendre parler et boire un coup avec son public après chaque spectacle.

Telle la Sidonie de Charles Cros réveillée par B. B. et qu’elle susurre exquisément à son tour, comme à sa toile l’araignée, elle vous prend à ses cheveux blonds comme guêpes et frelons, elle vous prend avec ses mots de chanteuse de plus en plus diseuse au fil des disques et des récitals, elle vous prend avec son corps de femme tellement femme et son art de filer des frissons avec des mots cousus pour et sur elle . Il faut acheter ses disques précieux, se laisser aller par exemple sous Le soleil de son dernier album « Marie France visite Bardot » ou rouler dans les frissons de la chanson « Bleu » du disque précédent « Phantom » …

Marie France est un bijou qui a du cœur.

Pierre Lacroix, Noël 2009

LA RUMEUR, film en noir et blanc de William Wyler, 1961

La Rumeur, film de 1961 de William Wyler, en DVD Métro-Goldwyn-Mayer, 2004

Quand finira-t-on de dire et de lire que ce film méconnu de l’auteur du sensuel et mythique Ben-Hur (1959), n’est que le triste reflet d’une époque puritaine où deux femmes qui s’aiment ne peuvent que se taire, se marier ou mourir ?

Tout d’abord, avant le suicide final, il y a la longue et très claire déclaration d’amour de Martha (Shirley MacLaine) à son amie d’enfance Karen (Audrey Hepburn). Ce long monologue est à lui seul un morceau d’anthologie. Mais il y a aussi la scène finale qu’il faut voir et revoir pour en comprendre toute la portée : elle mêle le travelling avant et la contre-plongée sur Karen métamorphosée. Après les obsèques de Martha, après l’hypocrite douleur des assistants, Karen marche, marche dans l’allée entre les tombes, quitte le cimetière sans jeter un regard à quiconque, pas même au beau Dr Joe Cardin (James Garner) qui lui promettait le mariage et qu’elle écoutait par méconnaissance d’elle-même. Karen passe entre les voitures noires, s’échappe, les yeux levés vers les feuillages et le ciel, avec une surprenante lueur printanière dans le regard.
Le titre original du film, The children’s hour (qui fut d’abord une pièce), pourrait se traduire par Quand les enfants ont tous les droits. C’est en effet une autre audace de William Wyler de dénoncer la perversité dont sont capables les enfants, ici des fillettes de bonne famille qui cherchent à échapper à leur pensionnat.

Et si la vie et la liberté étaient au bout de la rumeur et de la mort qu’elle a entraînée ? Karen porte désormais Martha en elle, Martha vit en Karen.

S’ajoute à la force de ce film la beauté de ses images et portraits en noir et blanc.

Une librairie au pays de la gentiane

Une librairie dans les montagnes

Qui s’attendrait à trouver dans une petite ville du Cantal, Riom-ès-montagnes, au pied du Puy Mary, une petite et vraie librairie, qui depuis des années lutte pour conserver son indépendance ? Oui, c’est tout à fait inattendu. Improbable comme on dit aujourd’hui.

Cette petite et vraie librairie dont je vous parle n’est pas la librairie Boissonnade depuis longtemps disparue. Elle s’appelle Livres différents, située 14 place de la Halle. Combien elle mérite son nom, plus soucieuse qu’elle est de défendre le catalogue des petits éditeurs que de favoriser les best sellers des grandes maisons, plus attentive à la qualité aussi bien littéraire que matérielle de leurs publications qu’aux livres des auteurs à la mode célébrés à grands renforts de publicité et de battage médiatique.

On y entre, comme dans une chapelle, un peu intimidé et curieux à la fois, d’abord surpris par la lumière mesurée qui l’éclaire. Puis les yeux s’y font vite et découvrent des rayonnages remplis de vrais trésors, des livres d’aujourd’hui certes – et nous remercions ici le libraire, Jean-Jacques Bellet d’y présenter bien en vue toutes les publications d’ErosOnyx Éditions – , mais aussi des livres épuisés, introuvables même, des éditions originales… Vous y trouverez de livres de poche sans doute , mais bien d’autres aussi, des grands formats, d’Yves Navarre, de Jean-Louis Bory, d’Hervé Guibert, de Guyotat … Vous y découvrirez des raretés, livres neufs comme d’occasion puisque ce libraire est aussi un bouquiniste.

Chapelle, avons-nous dit. Oui, assurément, car on y sent dès qu’on y entre que le livre y est l’objet d’un culte authentique et non pas de commerce seulement. Mais c’est tout autant une caverne d’Ali Baba : dans le désordre où Jean-Jacques Bellet, lui, sait se retrouver, en piles ici et là qu’il faut parfois enjamber, dans des recoins jusqu’auxquels il faut se faufiler, partout on y est entouré de livres, de beaux livres et même de disques puisque le libraire a commencé par être disquaire, des vinyles aussi bien que des CD, et puis on y trouve des vidéo cassettes, des DVD … Mais là, attention ! Il est signalé que c’est un espace réservé aux adultes. De toute façon, un enfant ou même un adolescent n’aurait rien à y faire, aux Livres différents. Inutile d’y chercher des bandes dessinées et il vaut mieux pour un collégien acheter ses livres à la bourse aux livres ! Toute une littérature et des films (anciens pour la plupart) que les Fnac ou Virgin cataloguent sous la rubrique « livres gays et lesbiens » est là à portée de vos regards, avant de l’être à votre main si vous parvenez à vous frayer un chemin dans l’espace, pourtant réduit, de ce merveilleux capharnaüm, aux moulures 1900 du plafond, peintes en marron et juxtaposées à du papier d’argent en haut des murs.

Librairie différente pour des livres différents. Y viennent des lecteurs avertis, et fidèles, qui aiment être dérangés, voire bousculés, Jean-Jacques Bellet finit par connaître leurs exigences et leurs préférences. Comme lui, ils aiment les chemins de traverse et les vertiges que peut donner un livre.

Nous souhaitons une longue vie à ce lieu si singulier. Puisse-t-il recevoir votre visite si vous passez à Riom-ès-Montagnes. Il est ouvert tous les après-midi des jours de semaine.

CE VIEUX REVE QUI BOUGE, d’Alain Guiraudie

Film personnel et attachant à voir impérativement, insolite assurément car y sont mêlées cause ouvrière et sexualité.

Sexualité ? Il s’agit même d’homosexualité : Jacques, jeune technicien, est embauché afin de démonter une machine, embauché juste pour une semaine, la dernière de cette usine qui va fermer ses portes. Reste une poignée d’ouvriers occupés… à ne rien faire en attendant la prime de licenciement. Jacques est jeune, beau garçon, désirable. Le contremaitre contrôle de temps à autre son travail, mais la raison de sa « surveillance » est tout autre. Jacques, de son côté, ressent pour lui une certaine attirance.

Le chômage, l’avenir incertain, le rapport au travail, le montant de la prime, les charges de famille des uns ou des autres … ces sujets relèvent de la question sociale. Mais le désir circule encore et, rare mérite de ce film, il y s’agit du désir homosexuel dans toute son évidence, sans complaisance facile, en toute franchise et surtout, surtout, sans poncif aucun , sans clichés, sans conventions…

Un « stupéfiant […] métrage hors normes », écrit Didier Roth-Bettoni dans son remarquable ouvrage « L’homosexualité au cinéma » (p.617)

1 DVD Shellac Sud, avec en complément Tout droit jusqu’au matin court métrage d’Alain Guiraudie, et Après la lutte de Chloé Schialom, débat public autour du film avec le réalisateur. Le DVD est accompagné du livret du scénario.

Dossier sur Lucie Delarue-Mardrus dans INVERSES 2008

La revue Inverses qui a collaboré à la publication de Nos secrètes amours, consacre son numéro de l’année 2008 à Lucie Delarue-Mardrus. Huit articles, tous substantiels, éclairent le lecteur sur la personnalité et l’oeuvre de cette poétesse, musicienne, sculptrice, chroniqueuse, romancière si connue et reconnue en son temps.

Rencontre autour de NOS SECRETES AMOURS

A la librairie Violette & Co, le 26 septembre dernier, a eu lieu une rencontre autour de Nos secrètes amours de Lucie Delarue-Mardrus, à l’occasion de la sortie de ce recueil chez ErosOnyx Éditions. Y étaient présents Patrick Dubuis, de la revue Inverses, et Mirande Lucien, auteure de la présentation de l’ouvrage. La comédienne Sophie Demmler (voir photo), en fin de soirée, a lu quelques poèmes du recueil pour la plus grande satisfaction d’un public nombreux et intéressé. ErosOnyx Éditions remercie la librairie Violette & Co pour son accueil et rappelle aux visiteurs de notre site que cette librairie détient, pour la vente, quelques exemplaires numérotés du recueil.

Une galerie à connaître , une exposition à voir

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La Galerie Au bonheur du jour 11, rue Chabanais 75002 Paris présente du 17 septembre au 31 octobre 2008

Dessins, peintures, photographies et objets de curiosité dans l’exposition Marins, Légionnaires, Ouvriers

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Vernissage le mardi 16 septembre de 17 heures à 22 heures.

Unique en France, et peut-être même en Europe, la Galerie Au Bonheur du Jour, ouverte du mardi au samedi de 14 h 30 à 19 h 30, offre les plus belles et les plus rares pièces de l’art inspiré par l’homoérotisme (dessins, gravures, peintures, photographies).