Vu de BELGIQUE dans TELS QUELS

EROSONYX, une nouvelle maison d’éditions gayes et lesbiennes

Une info réunie par MICHEL DUPONCELLE

Les maisons d’édition francophones qui se spécialisent dans la littérature gaye ou lesbienne sont rares et, malheureusement, le plus souvent éphémères …
Il est donc important d’en parler et de les faire connaître. Voici EROSONYX, une petite maison perdue dans le Cantal qui propose à la fois – et c’est une originalité qui lui donne toute sa valeur – des auteurs contemporains, mais aussi des rééditions de livres cultes de notre littérature, devenus introuvables.

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UN CATALOGUE

Comme évoqué plus haut, EROSONYX a édité, dès à présent, une série d’ouvrages qui rassemblent des modernes et des anciens.

Côté anciens, et cela tombe bien avec la L-week qui approche, ils nous proposent une réédition assez complète des œuvres de Renée Vivien dont je vous parlais en mai. Malgré l’importance originelle de l’œuvre de cette poétesse, dans la constitution, au changement de siècle précédent, de toute la mythologie lesbienne et de ses symboliques, ses ouvrages se trouvaient quasi introuvables aujourd’hui. Voilà une lacune de comblée.

EROSONYX publie, en trois volumes, un ensemble assez complet de ses poèmes et de ses traductions des fragments de l’œuvre de sa muse, la dixième, Sappho, ainsi que d’autres poétesses grecques, le tout agrémenté d’introductions et d’études ( certaines réalisées par Renée Vivien elle-même ), notamment l’intéressant avant-propos de Marie-Jo Bonnet, dans le troisième, où l’historienne des femmes montre bien l’importance du travail de la « Sappho 1900 » dans le développement culturel du mouvement lesbien et dans la constitution de ses mythes et de ses symboles, le mauve, les voyages à Eressos, le paktis ( la harpe inventée par Sappho) …

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Au rang des modernes se trouvent, notamment, des auteurs gays dont nous avons pu vous parler comme Pierre Lacroix ( l’auteur de « Bleus » paru aux éditions « Les Mauves » de Geneviève Pastre ) ou un nouveau venu sur lequel je reviendrai, Yvan Quintin, qui nous présente, d’une part, un recueil de six nouvelles érotiques, « Fleur de chair », d’autre part, un recueil de récits mythologiques dont le thème central se trouve être l’amour des garçons, « Mythologie gayment racontée ».

TELS QUELS Magazine 278, Bruxelles, novembre 2009 (p. 16 et 17)

Du Luxembourg

LA PIE QUI CHANTE

La voix des gays, des lesbiennes, des bis et des transgenres du LUXEMBOURG

Adresse : Rosa Lëtzebuerg a.s.b.l.

60, rue des Romains

L-2444 Luxembourg

htpp:// www.gay.lu

dans son numéro 1, année 11, janvier-mars

salue, sous la plume de Marc Grond la naissance d’ErosOnyx Éditions dans le Cantal

Merci à LA PIE QUI CHANTE de nous faire entrer dans ses colonnes !

Habemus corpus

Au cri «Habemus Papam» nous répondons «Habemus corpus» !

L’échange de baisers du kiss-in du dimanche 14 février 2010, à la Fontaine St-Michel à Paris, prolongé sur le parvis de Notre-Dame où il était initialement prévu, n’était-il pas une manifestation d’amour et de paix ? Dans la pure tradition chrétienne du « Aimez-vous les uns les autres ».

Au cri des catholiques intégristes lançant leur «Habemus papam» pour condamner avec haine cette manifestation pacifique, EroxOnyx Éditions, son équipe et ses auteurs opposent un autre cri «Habemus corpus» !

Les gays et les lesbiennes aussi savent le latin, et pas du latin d’Église. Et en plus « Habemus corpus », ça rime !

Philippe Vallois, NOUS ETIONS UN SEUL HOMME (1979) et SEXUS DEI (2006)

Oui, qu’est-ce qui fait vivre la caméra de Philippe Vallois ? Le mystère de l’amour depuis son adolescence dans les Landes.

Le parcours du combattant de ceux qui aiment à contre courant. Ceux qui sentent que ni la nature ni Dieu ne maudissent l’amour fou et sexué entre deux hommes. Seule l’étroitesse des préjugés fait de l’épanouissement de soi une quête douloureuse et ravie en même temps.

Philippe Vallois proche des exilés, des solitaires, des mis à l’écart. Il leur offre des poèmes en images où le sexe les révèle à eux-mêmes.

Nous étions un seul homme est un mélo farouche où un jeune soldat de la Wehrmacht laissé pour mort par les siens et un garçon vivant en sauvage dans une masure perdue dans les forêts et fougères des Landes vont, pas à pas, ne devenir qu’un, peau à peau, corps à cœur, poils et sang.

Sexus Dei , après les épreuves du sida et du deuil d’un compagnon vécus comme les horreurs d’une guerre pour le cerveau et pour le corps, est le récit d’une résurrection. La rencontre d’un ermite christique et nu sous le soleil rend à Vallois, devenu personnage de son film, la soif d’aimer, le désir chaud, la révélation de soi par le sexe. La beauté du monde et d’une rencontre loin des sentiers battus rend la clef de ce qui fait vivre, bander, filmer.

Les films de Philippe Vallois sont d’oniriques autobiographies. Sexus Dei est disponible depuis janvier 2013 sous l’un des rabats de l’autobiographie parue chez ErosOnyx : La Passion selon Vallois, Le cinéaste qui aimait les hommes. Le livre comporte aussi sous l’autre rabat le premier long-métrage de Vallois Les Phalènes qui était inédit jusqu’alors en DVD.

Et si EO publiait en mars 2016 une étude de « Nous étions un seul homme« , avec le DVD du film, comme c’est l’habitude dans sa « collection Images » ? Pour cette occasion, sortira une édition spéciale du DVD du film avec des interviews de François About, photographe du film, des acteurs, et bien d’autres surprises… Et si l’analyse du film était menée par celui qui écrivit en 2007 dans L’homosexualité au cinéma : « Frémissant, poétique, tendre, lumineux et terrible, Nous étions un seul homme est aussi, au-delà de maladresses dues à des moyens dérisoires, incroyablement attachant. » ? Guess who ?

Vu de Belgique : Fleur de chair

L’écriture est aisée, subtile dans l’exposition d’états d’âme. Dans « Fleur de chair » l’acte sexuel ne se réduit pas à un plaisir purement physique. Oui, il arrive qu’il procède d’une pulsion instinctive, sans préméditation d’expérience ou de séduction, mais il est aussi l’aboutissement d’une passion amoureuse, transcendée par un total don de soi.
« L’Énéide revisitée », une très belle et attachante nouvelle, en est l’exemple. Tous les personnages sont du même sexe. Peu importe! Éros se révèle toujours avec les mêmes élans.

Barbara Y.Flamand

(chroniqueuse La Cigogne, revue littéraire bruxelloise)

Vu du Luxembourg : Zeitung (6 janvier 2010)

Voici un siècle, à l’âge de 32 ans, mourait Renée Vivien. Son œuvre poétique est abondante. Depuis une vingtaine d’années, l’œuvre de Vivien connaît un renouveau certain, jusque dans les travaux universitaires, dans les pays anglo-saxons en particulier. La poésie de Vivien est grande, à la fois d’une forme classique héritée de Baudelaire et des poètes parnassiens, et métriquement variée autant qu’audacieuse dans les images.

Figure majeure de la littérature dite féminine du tournant du siècle, on trouve Renée Vivien régulièrement aux côtés d’Anna de Noailles ou d’Hélène Picard, dans les anthologies poétiques dont étaient friands nos aïeuls. Renée Vivien a élaboré une mythologie féminine dominée par des figures glorieuses ou révoltées, encensant Lilith au détriment d’Ève, et offrant à l’androgyne un renouveau qui préfigure les approches de genre, dont ses recueils en vers et en prose bénéficient aujourd’hui.

L’œuvre poétique de Renée Vivien est empreinte et en grande dictée par son homosexualité. L’œuvre de la poétesse est à découvrir chez ErosOnyx.

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Bisou au bijou Marie France

Marie France, c’est l’esprit de parfum de la chanson française.

Quand on l’a vue la première fois dans Barocco, le film de Téchiné sorti en 1976, elle marchait et chantait le long d’une piscine dans un cabaret-restaurant entre Amsterdam et Hollywood. Elle mêlait déjà le scintillement de sa robe fourreau au scalpel de paroles terribles sur le jeu de miroirs des faux-semblants de l’amour : « je me vois me voir … tu me vois me voir … je m’aime … je me vois te voir … tu te vois te voir … tu t’aimes … on se voit se voir et se voir c’est savoir qu’on s’aime… » C’était chic, chaud et froid, triste et beau à en pleurer, comme Isabelle Adjani le faisait d’ailleurs !

Depuis, elle n’a pas cessé de troubler en douce un public de fidèles enamouré(e)s à qui elle donne, de temps en temps, un rendez-vous d’amour dans une salle intime ou sur les plages d’un disque confidentiel.

Marie France se déguste avec les yeux, comme les chromos de Pierre et Gilles qui ont su croquer ses facettes de sphinge. Marie France se savoure avec les tympans, et quel empan ! Elle sait marier la chanson à texte et la chanson haute-couture, la cavalcade de saloon et le murmure sucré, le rock et la ballade, le coquin hyper sexe et le mélo du blues. Elle fut Marilyn à l’Alcazar dans les eighties et tout récemment Bardot aux Trois Baudets retrouvés. Chaque fois, on n’est pas au musée Grévin, c’est l’esprit de parfum de ces femmes qu’elle réveille. Et cette étoile de chair ne craint pas de descendre parler et boire un coup avec son public après chaque spectacle.

Telle la Sidonie de Charles Cros réveillée par B. B. et qu’elle susurre exquisément à son tour, comme à sa toile l’araignée, elle vous prend à ses cheveux blonds comme guêpes et frelons, elle vous prend avec ses mots de chanteuse de plus en plus diseuse au fil des disques et des récitals, elle vous prend avec son corps de femme tellement femme et son art de filer des frissons avec des mots cousus pour et sur elle . Il faut acheter ses disques précieux, se laisser aller par exemple sous Le soleil de son dernier album « Marie France visite Bardot » ou rouler dans les frissons de la chanson « Bleu » du disque précédent « Phantom » …

Marie France est un bijou qui a du cœur.

Pierre Lacroix, Noël 2009

ARCADIE, par Julian Jackson, éditions Autrement

C’est à un historien anglais, Julian Jackson, que nous devons cette passionnante histoire du mouvement homosexuel Arcadie, fondé par André Baudry et dissous en 1982. Le plus durable des mouvements homosexuels français !

L’auteur montre et démontre, témoignages et documents à l’appui, que loin d’être un groupe d’homos honteux, bourgeois ou petits-bourgeois, et conservateur, le mouvement Arcadie menait à sa manière un militantisme d’avant-garde, développait et défendait une culture qui ne se disait pas encore « gay », réunissait des hommes (mais peu de femmes) dans une communauté de goûts et de sensibilités. La mouvance post 68 a pu se moquer de l’ « archiprêtre » Baudry et de son « patronage ». Il n’empêche ! C’est lui qui, malgré ses défauts et surtout son autoritarisme, a su donner confiance, dans une époque très peu tolérante envers les homos, à de nombreux homosexuels. Il ne faut pas oublier combien la classe politique de l’après-guerre et des débuts de la Cinquième République était peu favorable aux dissidents sexuels que nous étions tous. N’oublions pas non plus ceci : c’est en 1960 qu’a a été voté le trop célèbre et funeste amendement Mirguet qui classait l’homosexualité dans les fléaux sociaux, avec la tuberculose et l’alcoolisme !

Contre vents et marées, Arcadie a tenu bon.

C’est le grand mérite de ce livre de retracer avec objectivité son histoire qui est aussi la nôtre. Le livre de Julian Jackson se lit comme un roman !

SENSITIF, n°41, décembre 2009

C’est avec joie que l’on se plonge dans ce florilège de mythes et légendes antiques qui ose enfin révéler combien le désir et les plaisirs homosexuels hantent la mythologie grecque. Si Yvan Quintin reste fidèle aux sources anciennes, il n’hésite pas à pimenter son propos d’explicites allusions à un érotisme homosexuel longtemps tu. Ainsi se régale-t-on de la description gourmande des appétissantes cuisses de Ganymède ! Impeccablement illustré par Hannes Steinert, cet opus hybride enchantera le lecteur attaché aux lectures ovidiennes, mais aussi curieux de parcourir un tableau imaginaire et inspiré des amours masculines.

TELS QUELS (Bruxelles) octobre 2009

… (Renée Vivien) « construit un véritable mythe fondateur de la culture lesbienne, lui donne ses codes, ses symboles, sa couleur aussi, le violet.

[…] C’est avec un profond respect de l’œuvre originale et des notes essentielles sur la vie et le travail de Renée Vivien que les éditions ErosOnyx nous proposent une réédition de son œuvre en trois volumes :

Renée Vivien, Études et PréludesCendres et PoussièresSapho, 2007

Renée Vivien, Les Kitharèdes – Préface de Marie-Jo Bonnet, 21 €

Renée Vivien, Sapho, 2009, 19 €

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