Dans « La Cause littéraire »

Lettres volées, roman d’aujourd’hui, suivi de 28 lettres inédites de Robert d’Humières à Colette et d’un dossier spécial autour de Robert d’Humières,

ErosOnyx éditions, collection Classiques, décembre 2019

328 p. 16 euros

      « Je pleure nuit et jour […] Robert d’Humières », Marcel Proust

Robert d’Humières (1868-1915) est un écrivain méconnu de la Belle Époque, également poète, traducteur, essayiste, un familier de Proust et de Colette. Si son nom est parvenu jusqu’à nous, c’est surtout grâce à sa traduction, avec Louis Fabulet, du « Livre de la jungle » de Rudyard Kipling, toujours disponible de nos jours. Pourtant son œuvre, en plus d’autres traductions de Kipling, de Joseph Conrad, de James Matthew Barrie (l’auteur de Peter Pan) ou de Lewis Wallace (Ben-Hur), comporte aussi pièces de théâtre, recueils de poèmes, essais, ainsi qu’un roman, « Lettres volées roman d’aujourd’hui », objet d’une nouvelle publication (la première remonte à 1911) aux éditions ErosOnyx, avec une préface d’Alain Stœffler, judicieusement accompagnée d’un dossier complet sur l’auteur (comprenant son dossier militaire), de repères chronologiques et d’une bibliographie sélective. Vingt-huit lettres inédites de Robert d’Humières à Colette complètent cet ensemble et l’éclairent.   

On n’entre pas immédiatement dans ces « Lettres volées ». Car, avant d’en atteindre le noyau vivant, le cœur palpitant, il faut en franchir le seuil, c’est-à-dire saisir leur environnement, tant historique et psychologique que stylistique.

Nous sommes à la fin du XIXème siècle, entre Paris et la Bretagne, dans un milieu mondain et aristocratique. Un mariage se prépare, typique de l’époque, entre vieille famille noble aux racines provinciales, les de Kerolim, et haute bourgeoisie industrielle et financière d’origine juive, les Knupf. Ballet des vanités, à l’ombre du conformisme de classe et des préjugés.

Dans cette atmosphère où les conventions et les codes sociaux ne servent plus qu’à camoufler intrigues et manipulations, il n’y a pas jusqu’aux noms de certains personnages, les plus dissimulés et calculateurs peut-être, qui ne signalent au lecteur leur psychologie et leur ridicule, marquant la coloration ironique, voire parodique du livre : la marquise de Glamour et le révérend père Truc. Le mariage de Robert de Kerolim et de Marie-Jésusa Knupf va être l’occasion pour eux de déployer tout leur talent.

Pour exprimer les espoirs et les craintes comme les illusions des principaux protagonistes de ce drame, Robert d’Humières n’hésite pas à user d’un style riche, au vocabulaire foisonnant, aux phrases chantournées, parfois excessivement ornées. Si le genre du roman épistolaire, auquel appartient « Lettres volées », fait songer au modèle du XVIIIème siècle, et particulièrement, compte tenu de l’intrigue amoureuse, aux « Liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos, il s’en distingue doublement par le style et le ton.

Une fois connu ce contexte, qu’avons-nous dans ces pages ? Un véritable plaidoyer pour l’amour, pour un amour sincère, spontané, sans arrière-pensées. Un amour libéré des contraintes sociales et qui ne se laisse pas instrumentaliser, qui déjoue au contraire tous les calculs, ceux de l’experte marquise comme de la fausse ingénue Marie-Jésusa, et qui se porte tout aussi bien sur le camarade de classe devenu soldat à qui Robert avoue, dans l’une des plus belles lettres du roman, qu’il lui a fait entrevoir un « rêve de fraternité héroïque » et lui déclare : « Je suis né en toi au sentiment, à la beauté, à la vie vivante. »

Est-ce à dire que l’amour renverse tout sur son passage ? Pas tout à fait. Chez Robert d’Humières, dont on peut penser qu’il s’exprime là par le truchement de ses personnages, point de vaines tentatives pour « secouer ainsi toutes contraintes. » Mieux vaut une obéissance apparente aux lois communes qui, au fond, donne « une tenue, une grâce, un style » et le plaisir rare « de payer l’hypocrisie par son impénétrabilité ». Ainsi pourra-t-on créer à l’amour de son choix, « dans la foule qui submerge une solitude aussi merveilleuse que celle des plus féériques exils. »         

Morale de grand seigneur peut-être, mais ce qu’il faut à tout prix éviter, c’est « la vie qui calme, assoupit, embourgeoise, acoquine -la laide vie mélancolique. » Ce qu’il faut fuir, c’est « l’inharmonie et la laideur. » A mesure qu’on avance dans le roman, on sent croître l’insatisfaction devant cette vie contrefaite, médiocre, dont on voudrait se dégager, parfois avec l’énergie du désespoir, pour se tourner vers un absolu libérateur : « dans la passion et dans l’infini, il n’y a ni beau, ni laid, ni bien, ni mal, ni haut, ni bas. Mais c’est toujours quitter la terre » laisse ainsi échapper comme dans un cri la marquise.

Dès lors, pour ceux qui cherchent à se délivrer, à commencer par Robert de Kerolim alias Robert d’Humières, n’en doutons pas, et dans une moindre mesure Marie-Jésusa Knupf, il n’y a plus d’échappatoire. Pour Robert, rester fidèle à son amour de jeunesse, à l’idéal du soldat amant avec qui s’initier à « la mort qu’on risque et à celle qu’on donne », devient l’horizon ultime, la preuve d’une vie authentique, l’accomplissement du destin « sur l’aile du vivant », laissant tous les autres, ceux qui se survivent, à leur sort de « cadavres en sursis. » Et pour la jeune mariée, le souvenir amer d’une passion gâchée.

Les lettres de Robert d’Humières à Colette n’avaient jamais été publiées et c’est à une première que nous convient donc les éditions ErosOnyx (on trouvera les lettres de Colette à Robert dans les Cahiers Colette n°16). Elles s’échelonnent de 1901 à 1915, date à laquelle le traducteur et poète trouve la mort sur le front. On y suit l’évolution de leurs rapports, de la politesse du début aux prémices de leur rapprochement (l’amour partagé des chats, du Midi) jusqu’à la franche complicité, artistique et personnelle, qui culmine au Théâtre des Arts (devenu aujourd’hui le Théâtre Hébertot) dont Robert est le directeur artistique de 1907 à 1909. Il y programme Loïe Fuller, Franck Wedekind, Oscar Wilde et invite Colette à s’y produire.

Si leurs trajectoires se séparent ensuite, la notoriété littéraire pour elle, la vie retirée sur les hauteurs de Grasse pour lui, entrecoupée de brefs voyages, ils restent attentifs l’un à l’autre et ne manquent jamais une occasion de se revoir. Jusqu’à ce que la guerre éclate, en août 1914. Bien qu’âgé de 46 ans, Robert d’Humières s’engage. Comme le montrent les lettres alors adressées à celle qui reste une amie intime, malgré une désinvolture de façade, à l’enthousiasme des débuts succède la désillusion : « l’horreur peut être crevante -on se bat, on dort et on pense dans la boue. » A la suite de péripéties que le dossier analyse comme s’apparentant à une affaire de mœurs entre l’officier et son ordonnance, il est envoyé au front et y trouve la mort le 27 avril 1915. Une mort glorieuse de héros qu’il s’est pour ainsi dire choisie.

Donner le change, recevoir à titre posthume citation, croix de guerre et Légion d’Honneur, oui. Vérité pour les autres. Mais pour lui, ce qu’il attendait, ce qu’il espérait, ce fut cela, « le saint archange descendu des nuées avec son épée de feu », l’assaut à la tête de ses hommes et la balle en plein cœur. Pour retrouver le paradis perdu des fraternités viriles dans l’héroïsme des combats, tels, au bataillon sacré de Thèbes, Éros et Thanatos mêlés, les soldats amants qui tombent côte à côte et ne reculent pas.

                                                                                            Luc-André Sagne  

Robert d’Humières est né le 2 mars 1868 au château familial de Conros, dans le Cantal. Comme son milieu l’y pousse, il entre à Saint-Cyr en 1887 mais ne s’y plaît pas. Sorti en qualité de sous-lieutenant, il démissionne de l’armée en 1892. S’ouvre alors pour lui une période de longs voyages qui le mènent à travers toute l’Asie jusqu’en Inde où il séjourne et qui va profondément l’influencer. Le mariage avec une cousine en 1905 marque un nouveau tournant. Son goût pour la littérature et la musique s’exprime pleinement au Théâtre des Arts qu’il dirige deux ans. Sa vie est plus retirée par la suite. Il meurt sur le front le 27 avril 1915.   

AUGUST VON PLATEN, Ghasels

À paraître en octobre 2021, republication

AUGUST VON PLATEN, Ghasels

August von Platen (1796-1835) fut page à la Cour de Bavière, puis jeune officier dans la campagne de  France, en 1814-1815, contre Napoléon, enfin grand voyageur en Italie de 1826 à sa mort. Toujours en quête de l’amour impossible qu’il vouait aux beaux garçons, jusqu’à sa mort du choléra à Syracuse à 39 ans.

Son existence inspira à Thomas Mann le personnage d’Aschenbach dans La mort à Venise (1913) ainsi qu’un hommage, en 1930, dans un essai inclus dans L’ artiste et la société (Éd. Grasset, 1973). André Gide l’avait lu et l’appréciait. Plus près de nous, le romancier allemand Hubert Fichte lui a rendu hommage à son tour, n’hésitant pas à le présenter comme « un maître aussi créatif que Whitman, Rimbaud et Genet. »

Les Ghasels dont la première édition date de mars 1821, suivie d’une autre en septembre de la même année, se coulent dans la forme persane immortalisée par Hafiz pour célébrer son inextinguible attirance vers la beauté.

Cette édition sera la première traduction intégrale en français du premier volume des Ghasels.

ISBN 978-2-918444-51-0 Collection Classiques

Format 16 x 24 144 pages

17 €

Voici que le jeune feuillage a orné
L’arbre de sa tendre verdure :
Ainsi fleurit tout autour de ta joue
Le frais, sombre et tendre duvet ;
Pour de belles femmes ce serait un bonheur
De seulement caresser cet ourlet !
Mais tu as repoussé de ta nuque
Le carcan des bonnes mœurs.
Oh ! apporte du vin et viens à moi !
Ici, dans l’herbe haute il y a de la place !
Que le dernier murmure de ta langue caresse
Mon oreille de ta langue et le vin mon gosier !
L’ivresse gonfle ta joue,
Laisse monter la sève à ta tête !
Rêvons ici, dans nos bras enlacés,
Le rêve éphémère de nos jeunes années !

GHASELS d’après l’édition de 1834, (p.107)

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August von Platen DR

YVAN QUINTIN, L’année buissonnière

On appelait ce genre romanesque « Bildungsroman », c’est-à-dire roman d’apprentissage, roman de formation.
C’est une éducation sentimentale que nous raconte L’Année buissonnière, celle d’Yves, élève de Troisième dans un établissement religieux des années 50, « sentant la caserne et le séminaire ». Entre innocence et premiers émois « coupables », avec la tendresse si propre à un âge qui n’est plus l’enfance, mais pas encore l’âge d’homme.

Les élèves dans ce collège sont soumis, pour le salut de leur âme, à une surveillance stricte. Yves s’éprend, pour un de ses camarades, d’une amitié fervente et singulière. Dans ce monde clos bouillonnant de passions étouffées, il fait la découverte de son corps, nié avant même d’être connu. L’éveil de son désir, l’ivresse des commencements à laquelle se mêlent le latin, les vies de saints, la liturgie et l’odeur du buis, provoquent l’accident, l’irréparable, le geste d’amour. Crimen Amoris. Et c’est aussi la découverte de la trahison.

Son année de Troisième sera-t-elle une année buissonnière ?

En couverture, encre de Chine de Jean-Pierre THOMAS, d’après Citizen K

ISBN 978-2-918444-50-3
Format 14 x 19
13, 00 €

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RENÉE VIVIEN, Le Christ, Aphrodite et M. Pépin

À quelques mois de sa mort, le 18 novembre 1909, Renée Vivien mène une vie de valétudinaire, « une pauvre vie d’orgies et de poisons qui ne la grisent même pas », comme le rapporte Natalie Barney.

Tout en écrivant encore des vers et quelques poèmes en prose, elle se tourne à deux reprises vers un genre, la satire, où on ne l’attendait pas. Le Christ, Aphrodite et M. Pépin paraît en 1907 et L’Album de Sylvestre en 1908. Vivien y dynamite la veine lyrique de sa production habituelle pour emprunter la veine parodique de deux types d’écriture chers à son époque et qu’elle exècre, les faits divers de la presse à sensations et les albums mondains.

Renée Vivien, capable d’être ironiste ? Patricia Izquierdo présente ces deux ouvrages d’un genre que leur autrice elle-même qualifie de « satirette ».

ISBN 978-2-9184447-3
Format 14 x 19 avec rabats
88 pages
Prix 11,00 €

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FRANÇOIS MARY, Fracture du souffle

Quand le vent saisit le corps,
que l’angoisse me traverse,
il y a cette main forte,
ces bras qui, soudain, m’étreignent.

Un souffle brûle ma joue,
un étau de chair me broie.
L’odeur lourde des lilas
me fait mordre la poussière.

Nature aussi âpre que les étreintes des beaux gars de passage. Des mots à dire à voix haute pour en tirer le feu de poésie, comme l’écrit Pierre Lacroix qui préface le recueil.

François MARY est né en 1950, en Auvergne qu’il n’a jamais quittée. Il vit là-haut, à Riom-ès-Montagnes, au pied du Puy Mary où l’hiver dure six mois.
Ce recueil est dédié à la mémoire de Manu, mort à l’âge de 30 ans, en décembre 2019.

Format 14 x19
Collection Éoliens
74 pages
ISBN 978-2-918444-49-7
ISSN 2260-2852
13,50 €

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RENÉE VIVIEN, Sappho, édition bilingue

EO propose pour l’automne 2020 la publication intégrale et séparée de Sappho . C’est avec cette œuvre que Pauline Mary Tarn, qui publiait jusqu’alors sous le pseudonyme ambigu R. Vivien, fait en 1903 son « coming-out » sous le nom entièrement décliné Renée Vivien.

La lectrice, le lecteur y trouveront les fragments conservés, en grec ancien, de Sappho, leur traduction par l’auteure et sa création personnelle inspirée de certains d’entre eux.

Au fragment de Sappho « Quelqu’un, je crois, se souviendra dans l’avenir de nous », font écho les vers de Renée Vivien :

Dans les lendemains que le sort file et tresse,

Les êtres futurs ne nous oublieront pas…

Nous ne craignons point, Atthis, ô ma Maîtresse !

L’ombre du trépas.

ISBN 978-2-918444-48-0
ISSN 2118-8300

Poche Classiques format 12 x 19

Prix 8 €

À paraître aux éditions du Mauconduit la correspondance inédite Vivien-Charles-Brun (1901-1910)
Voir rubrique Lire

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AIMÉE DUC, Sont-elles des femmes ? Roman sur le troisième sexe

Sont-elles des femmes ? Roman sur le troisième sexe est paru en Allemagne en 1901. Il est ici traduit pour la première fois en français. Ce roman pionnier est à la fois un essai militant et une fiction de littérature légère.

L’objectif des lesbiennes, féministes et intellectuelles, qui en sont les personnages était de faire reconnaître leur « altérité ».
N’étant ni comme les hommes ni comme toutes les autres femmes qu’elles voyaient autour d’elles, que leur restait-il sinon la conviction d’appartenir à un troisième sexe ?

Traduction de Thierry Hoquet, spécialiste de la philosophie des Lumières. Il enseigne à Paris X.

Présentation de Nicole G. Albert, spécialiste des littératures fin-de-siècle, féministe et saphique.

La photo de couverture fait partie de la collection de Sébastien Lifshitz . Carte photo, Etats-Unis (circa 1910). Elle figure dans l’ouvrage Mauvais genre, Éditions Textuel, Paris, 2016.

Ce livre a été soutenu financièrement par l’Université Paris Nanterre.

ISBN 978-2-9184444-46-6
format 14 x 19
120 pages
12, 00 €

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WILLIAM PENISTON et NANCY ERBER, Bougres de vies (Queer Lives)

Le plus souvent publiées séparément en France, voici réunies huit autobiographies d’homosexuels – les auteurs américains William Peniston et Nancy Erber les qualifient de « queer » – qui, entre 1845 et 1905, se racontent. Bougres de vies, vies de bougres !

Ce livre regroupe huit autobiographies françaises du 19ème siècle, à l’époque où, échappant au prêtre, l’homosexuel tombe sous la coupe du médecin, où le péché devient pathologie. Publiés ça et là, ces documents ont été rassemblés et publiés en 2007, aux États-Unis, sous le titre « Queer Lives : Men’s autobiographies from Nineteenth-Century France, traduits, édités et présentés par William A. Peniston et Nancy Erber (University of Nebraska Press) ».

Nancy Erber et William A. Peniston sont deux universitaires américains spécialisés dans les « queer studies » (recherches autour des LGBTQI+). En publiant Queer Lives, ils ont permis à un public d’Outre-Atlantique de découvrir une matière française connue à l’époque des seuls médecins et que Zola lui-même n’a pas osé exploiter dans sa vaste fresque des Rougon-Macquart.

Il aura donc fallu passer par les USA pour que le public français découvre ces documents… français. Outre leur intérêt documentaire, ces autobiographies présentent aussi un véritable intérêt littéraire. Le dernier document en particulier est une longue série de lettres adressés à Émile Zola. Il est devenu célèbre sous le titre Roman d’un inverti-né.

La famille d’Émile Zola a, depuis la publication de Bougres de vies, confié à Michael Rosenfeld l’intégralité de ces lettres qu’il a publiées en 2017 aux Nouvelles éditions Place sous le titre Confession d’un homosexuel à Émile Zola.

William A. Peniston et Nancy Erber sont deux universitaires américains. En publiant Queer lives, en 2007, ils ont permis à un public d’Outre-Atlantique de découvrir une matière française connue à l’époque des seuls médecins et que Zola lui-même n’a pas osé exploiter dans sa vaste fresque des Rougon-Macquart.

Copyright Jim Graham pour la photo de couverture (circa 1875-1880).

QUEER LIVES… DRÔLES DE VIES… BOUGRES DE VIES !
Voir article de Nicole G. Albert à http://journals.openedition.org/chrhc/2857

NOUVELLE PARUTION EN SEPTEMBRE 2020

ISBN 978-2-918444-45-9 Collection Documents

Format 16 x 24 216 pages

18, 00€

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YANNIS RITSOS, Le monde est un, édition bilingue

À près de 70 ans, Yannis RITSOS fait un deuxième voyage en Italie accompagné de son traducteur et éditeur italien, Nicola Crocetti. C’est pour lui un nouvel émerveillement pendant ce voyage de Mondello à Milan. Il en tire le recueil Le Monde est un, deuxième volet de son triptyque italien (Transfusion 1976, Le Monde est Un 1978-1980, La Statue sous la pluie 1980).

Pompéi, ville de l’amour et de la mort, est pour lui une révélation.

ΠΟΜΠΗΙΑ — ΚΟΚΚΙΝΟ

Ἄ, πονεμένη ἐρωτική Πομπηία, βαθύσκιωτη Ἔπαυλη τῶν Μυστηρίων,
ὁμαδικοί λουτρῶνες κυκλικοί, γιά μουσική, γιά σπέρμα καί γιά ρόδα,
ἐλεύθερες πορνογραφίες στούς τοίχους τῶν μπορντέλων,
βωμοί, κολόνες, ὄνειρα, ὑδρορροές, κῆποι,
αὐτό τό ἐξαίσιο κόκκινο τῶν τοιχογραφιῶν — αὐτό πού δίδαξε
στούς ἀσκητές τεχνίτες τοῦ Βυζάντιου καί τῆς Ἀναγέννησης
τό καίριο κόκκινο —
5 ἡ ὥρα, πάμφωτο ἀπόγευμα ἑνός πύρινου Σεπτέμβρη
κι ἐμεῖς ἐδῶ, μέ ἀχόρταγο τό μάτι κολλητό στήν κλειδαρότρυπα τῆς Ἱστορίας,
ἀγέρωχοι ἡδονοβλεψίες, σέ πλήρη στύση, παρακολουθοῦμε
ἀτέρμονη τή συνουσία τῶν λεβεντόκορμων γυμνῶν Ἑλλήνων καί Ρωμαίων.

Πομπηία, 17.ΙΧ.78

POMPEI-ROSSO

Ah, Pompei afflita, erotica, Villa di Misteri piena d’ombre profonde
bagni pubblici circolari per la musica, lo sperma, le rose,
affreschi licenziosi sui muri dei bordelli,
are, colonne, sogni, grondaie, giardini,
questo superbo rosso degli affreschi – questo che insegno
agli ascetici artisti di Bisancio et del Rinascimento il rosso cruciale –
le 5 del di uno splendido pomeriggio settembre tutto fiamme,
e noi qui con l’occhio insaziablile incollato al buco della serratura della Storia,
orgogliosi voyeur al colmo dell’ erezione, osserviamo
l’interminabile accopiamento dei gagliardi corpi nudi di Greci e de Romani.

Pompei 17.9.1978

Traduction de Nicola Crocetti dans son édition de Le Monde est un (1981)

POMPÉI – ROUGE

Ah, douloureuse voluptueuse Pompéi, Villa des Mystères à l’ombre épaisse,
bains collectifs circulaires, pour la musique, le sperme et les roses,
pornographies libres sur les murs des bordels,
autels, colonnes, rêves, chéneaux, jardins,
ce rouge splendide des fresques – celui qui fut enseigné
aux artisans ascètes de Byzance et de la Renaissance
le rouge absolu –
5 heures, un après-midi éclatant d’un flamboyant septembre,
et nous ici, l’œil inassouvi rivé au trou de serrure de l’Histoire,
voyeurs arrogants, en pleine érection, nous épions
la copulation sans fin de ces corps nus superbes de Grecs et de Romains.

Pompéi, 17. IX. 78

En librairie courant mars 2020
Collection Classiques
Préface et traduction d’Anne Personnaz
ISBN 978-2-918444-44-2
Format 14 x 19
72 pages
13, 00 €
Voir à la rubrique « Presse et Blogs » la note de lecture de Michel MÉNACHÉ dans le numéro 1095-1096 juin-juillet 2020 de la revue EUROPE

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ROBERT D’HUMIÈRES, Lettres volées, Roman d’aujourd’hui (1911)

Nous avons exhumé… Triste à dire d’un homme tombé au front à la seconde bataille d’Ypres en avril 1915.

Il s’appelle Robert d’Humières et il est né au château de Conros, tout près d’Aurillac, en 1868.
Il n’est connu aujourd’hui que par ses traductions qui ont longtemps fait autorité. Celles des Livres de la Jungle de Rudyard Kipling, en collaboration avec Louis Fabulet, sont toujours éditées.
Aucune autre de ses œuvres, de voyageur, de poète, de philosophe, de romancier, n’est aujourd’hui disponible.

Nous nous proposons de faire redécouvrir son unique roman, publié en 1911, Lettres volées, roman d’aujourd’hui.

Jacques Porel, fils de Réjane, la célèbre actrice de la Belle époque, fit partie sous les ordres du lieutenant Robert d’Humières, des interprètes affectés auprès des troupes hindoues, sous les ordres des Anglais dans le nord de la France au début de la Grande Guerre. Dans les mémoires de Jacques Porel parus en 1952, on lit à propos de son ancien chef :

« […] Je commençai à penser que la chance n’avait jamais servi cet homme, brillant, exceptionnel, qu’il n’avait pas eu sa place, qu’il ne l’aurait jamais. Il ne l’a toujours pas. Il m’arrive de parler de lui à Colette, quand je la vois. Elle pense comme moi : Robert d’Humières, grand traducteur, était aussi un bel écrivain. Il a écrit un roman, Lettres volées, que peu de gens ont lu. Le livre est beau et mériterait d’être réédité. On devrait le faire et en demander la préface à Colette qui a très bien connu d’Humières. ».

Ce sera chose faite en janvier 2020. Avec une préface d’Alain Stoeffler et deux dossiers, qui s’appuient sur Proust et Colette, autour de Robert d’Humières, pour tenter d’éclairer le secret qui entoure le personnage complexe qu’il fut.

Et voici qu’en août 2019, la Société des amis de Colette et le Fonds d’études Colette ont autorisé ErosOnyx éditions à publier pour la première fois les 28 lettres que Colette avait soigneusement conservées jusqu’à sa mort, en souvenir de ce gentleman qui n’était « pas de ceux qui se laissent oublier », comme elle l’écrit dans Le Pur et l’Impur ! On ne pouvait imaginer plus bel éclairage pour approcher Robert d’Humières.

On verra ci-dessous, dans les documents photographiques, deux portraits de l’auteur, dont un en hussard à un bal costumé donné en 1895. Robert d’Humières appréciait particulièrement la virilité et, entre autres, la virilité militaire ! Merci à notre préfacier de nous l’avoir aimablement communiqué. Prestige de l’uniforme, même si on démissionne après cinq ans d’armée !

Le second portrait est une photo publiée dans Cahiers Colette, n° 16, Éclats et Reflets, 1994.

PS en date du 27-01-2020- Notre préfacier, propriétaire de la photo de l’auteur en hussard pour un bal costumé, préférant ne pas divulguer ladite photo, nous l’avons donc retirée.

Format 14 X 19
ISBN 978-2-918444-43-5

Prix : 16 €

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